Le souci envers notre planète et envers notre humanité
s’affirme dans beaucoup de consciences aujourd’hui. Et avec raison! L’Église catholique
aussi fait de grands progrès dans cette prise de conscience.
On rappelle souvent la forte affirmation de Paul VI, il y a
près de 50 ans : « Il a fallu des millénaires à l’homme pour
apprendre à dominer la nature [….] L’heure est maintenant venue pour lui de
dominer sa domination. » (Discours du 16 novembre 1970 à la FAO) Mais
que de chemin parcouru depuis dans la pensée ecclésiale! Pensons à l’encyclique Laudato sì dédiée à ces questions. Le pape actuel revient souvent sur le
drame de la « culture du déchet », ou du rebut, qui menace aussi bien
les humains que la nature. Elle « tend à devenir une mentalité commune,
qui contamine tout le monde. La vie humaine, la personne, ne sont plus
considérées comme une valeur primaire à respecter et à garder, en particulier
si elle est pauvre ou handicapée, si elle ne sert pas encore – comme l’enfant à
naître – ou si elle ne sert plus – comme la personne âgée. Cette culture du
rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux déchets
alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque partie du
monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent de la faim
et de la malnutrition. »
Déjà, Benoît XVI avait fréquemment attiré l’attention, et
avec beaucoup de pertinence, sur les questions écologiques auxquelles l’humanité
doit faire face. Ainsi à des jeunes, il affirmait : « L'un des
domaines dans lequel il apparaît urgent d'œuvrer, est sans aucun doute la
protection de la création. L'avenir de la planète, sur laquelle sont évidents
les signes d'un développement qui n'a pas toujours su protéger les équilibres
délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations. Avant qu'il ne
soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une
solide alliance entre l'homme et la terre. Un oui ferme est nécessaire pour la
protection de la création, ainsi qu'un engagement puissant pour inverser les
tendances qui risquent de conduire à des situations de dégradation
irréversible. »
Il est bon de constater que la pensée ecclésiale se
reconnecte à une très ancienne tradition portée par des mystiques, dont saint François d’Assise est le type achevé (5).
Aujourd’hui, Dieu nous dit par ces voix et tant
d’autres : « Le jeûne que je préfère, c’est que vous respectiez la
création et votre humanité que j’ai façonnées avec tendresse, amour,
générosité! Ne gâchez pas cette beauté semée partout! »
Évêque émérite de Gatineau