jeudi 7 juin 2012

Quelques réflexions sur l’avenir de l’Église (1er partie)

Il y a quelque temps, j’ai donné une conférence à un groupe de cursillistes du diocèse. La commande était ainsi formulée : Que seront notre Église et notre mouvement en l’an 2020. C’est une question complexe et difficile, car 2020, c’est à la fois très proche et très loin. Et puis nous savons par les Saintes Écritures que pour Dieu un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour! Puisque nos jours et nos saisons sont ainsi entre les mains de Dieu, j’ai pensé nécessaire de poser quelques balises qui me semblent aptes à libérer nos cœurs dans cette recherche des plans de Dieu sur notre Église. J’en ai retenu quatre qui viennent de la Bible et donc que nous reconnaissons comme Paroles de Dieu toujours actuelles :
-les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées
-les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins
-le temps de Dieu n’est pas notre temps
-la Parole de Dieu est notre lumière et notre guide.

Un texte d’Isaïe est particulièrement éclairant pour moi (55, 6-11): « Vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies (chemins) ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »

Isaïe s'adressait à des gens complètement découragés. En Exil à Babylone, dans des conditions extrêmement dures, le peuple d'Israël était tenté de croire que Dieu l'avait abandonné. Et il en vint à se demander s'il était encore possible d'oser espérer la réconciliation avec le Dieu de l’alliance et la restauration par un retour à la terre promise. Voilà les pensées qui envahissent le peuple dans sa situation de petitesse, devant un avenir qui lui semble bouché.

Mais Dieu par le prophète réplique : à ce doute, ce soupçon, cette désespérance (toutes attitudes qui ressemblent aux nôtres), il faut résolument tourner le dos. Ce sont là des pensées méchantes, perverses. Elles nous trompent sur Dieu en nous portant à croire que Dieu pourrait ne plus être proche, qu’il nous a abandonnés.  Ce n'est pas parce que Dieu semble silencieux qu'il est absent ou lointain.  Pensées perverses! Vraiment les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées.

Puis Dieu nous parle de ses chemins et des nôtres. Quels sont les chemins de Dieu? L’histoire du salut nous montre qu’ils sont vraiment bien déroutants! Chemin d’Abraham le nomade déraciné. Chemin à travers la mer et les flots, puis dans le désert  pendant 40 ans! Chemin de l’exil. Chemin de l’échec, du petit reste. Dieu fait avec des riens (ce qui n’est pas!) des merveilles!  Ce qu’il nous demande c’est de lui faire confiance dans l’humilité et la remise entre ses mains, de suivre Jésus et de marcher.

Quels sont souvent  nos chemins? Douter de Dieu, l'imaginer méchant, dur, vengeur, c'est prendre à l'envers un chemin à sens unique! C'est nous éloigner de lui de plus en plus en suivant le chemin de la peur, du découragement, de l’indifférence, de l’oubli, du divertissement. Nous prenons toutes sortes de chemins de traverse, nous errons ici et là, nous laissant balloter par tout ce qui passe.

(la suite et la fin de ce texte dans mon prochain blogue)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau