dimanche 26 janvier 2014

L’alliance dans Vatican II

Dans sa Constitution dogmatique sur l’Église, le Concile Vatican II nous a donné un beau texte sur l’alliance dans le dessein de salut de Dieu sur le monde entier. Il s’agit du paragraphe 9.1.
 
Le document formule d’abord une affirmation bouleversante, si l'on y réfléchit bien : « À toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et pratique la justice (cf. Ac 10, 35). » Ça signifie que Dieu veut le salut de tous les humains et offre à tous les possibilités réelles du salut éternel. Alors, les personnes qui obéissent à cet appel de leur conscience, porté aussi parfois par leurs propres religion ou croyances, sont agréables à Dieu.
 
Toutefois, le texte, éclairé par l’histoire du salut telle que révélée dans l’ensemble de la Bible, continue : «  Cependant le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. » Pour employer une comparaison, certes boiteuse, disons que Dieu n’a pas voulu pêcher à la ligne, mais au filet!
 
Et l'on montre tout de suite ce que ça signifie historiquement : « C’est pourquoi il s’est choisi Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. » Le Concile réfère aux récits bibliques que j’ai déjà longuement cités dans mes textes antérieurs.
 
Et il situe ces multiples alliances avec les Pères et Mères dans la foi dans une dynamique universelle : « Tout cela cependant n’était que pour préparer et figurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et la révélation plus totale qui serait transmise par le Verbe de Dieu lui-même, fait chair. “Voici venir les jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une Alliance Nouvelle... Je mettrai ma foi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur» (Jr 31, 31-34). Cette alliance nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf. 1 Co 11, 25), il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils, pour former un tout selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui sont “re-nés» non d’un germe corruptible mais du germe incorruptible qui est la parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là constituent finalement “une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de Dieu” (1 P 2, 9-10). »
 
Le Concile a ainsi relancé dans l’Église contemporaine cette compréhension de l’histoire du salut, toujours actuelle, toujours en marche dans l’Église et dans le monde. C’est une alliance d’amour entre Dieu et toutes ses créatures, dans laquelle nous sommes impliqués comme artisans et responsables.

(Dernier texte de la série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau