lundi 8 septembre 2014

Heureux les artisans de paix

Comme la joie et l’amour, la paix est un fruit de l’Esprit (cf. Ga 5, 22) (1). Le pape François (dans La joie de l’Évangile par, 217-237 (2)) montre que le bien commun (3) et la paix (4) font partie d’une annonce véritable de la dimension sociale de l’Évangile.
 
Il rappelle d’abord que la paix n’est pas simplement une absence de guerre, de violence obtenue par l’imposition d’un secteur sur les autres. De même, la paix ne peut pas servir d’excuse « pour justifier une organisation sociale qui réduit au silence ou tranquillise les plus pauvres, de manière à ce que ceux qui jouissent des plus grands bénéfices puissent conserver leur style de vie sans heurt, alors que les autres survivent comme ils peuvent. Les revendications sociales qui ont un rapport avec la distribution des revenus, l’intégration sociale des pauvres et les droits humains ne peuvent pas être étouffées sous prétexte de construire un consensus de bureau ou une paix éphémère, pour une minorité heureuse. La dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de la tranquillité de quelques-uns qui ne veulent pas renoncer à leurs privilèges. »
 
La paix suppose un ordre qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes. « En définitive, une paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de violence. »
 
Le pape affirme que « pour avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité sociale. » Ils  « orientent spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. » Leur application « peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier. »
 
Voici ces quatre principes :
·         Le temps est supérieur à l’espace. « Ce principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. »
·         L’unité est supérieure au conflit.  « C’est d’accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un nouveau processus. »
·         La réalité est supérieure à l’idée. « Ce critère est lié à l’incarnation de la Parole et à sa mise en pratique. »
·         Le tout est supérieur à la partie. Il faut « prêter attention à la dimension globale pour ne pas tomber dans une mesquinerie quotidienne. En même temps, il ne faut pas perdre de vue ce qui est local, ce qui nous fait marcher les pieds sur terre. »
 
« Bienheureux les artisans de paix! » En suis-je un dans mon milieu?
(40e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau