« Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne
Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie
transfigurée par la présence de Dieu. »(EG 259) C’est
là l’œuvre en nous de l’Esprit de Jésus ressuscité. Aussi, faut-il s’ouvrir sans
crainte à son action. L’Esprit Saint est l’âme de l’Église qui évangélise,
l’âme de chaque évangélisateur. Sans cet Esprit, toute annonce de l’Évangile
risque de manquer d’âme.
Le pape François rejette toute approche qui sépare une spiritualité
qui transforme le cœur et une spiritualité axée sur un fort engagement social
et missionnaire. Les évangélisateurs mus par l’Esprit sont ceux qui à la fois
« prient et travaillent. » (EG 262) Il ne faut pas séparer
contemplation et action. « Il faut toujours cultiver un espace intérieur
qui donne un sens chrétien à l’engagement et à l’activité. » Ce fut la
pratique constante des évangélisateurs et évangélisatrices qui jalonnent toute histoire
de l’Église.
Le pape relève quelques motivations qui aideront à les
imiter aujourd’hui (EG 264-284). Toutes ces motivations se ramènent à une
seule : « La rencontre personnelle avec l’amour de Jésus qui nous
sauve. » Ce qui peut se vivre de multiples façons.
La première façon est de se laisser regarder par Jésus et de
le regarder longuement sur la croix. L’expérience de l’amour de Jésus pour nous
et d’être sauvé par lui nous pousse à toujours plus l’aimer. Car, « quel
est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le
montrer, de le faire connaître? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le
communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la
prière qu’il vienne nous séduire. » (EG 264)
« Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les
pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, et
finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie.
Chaque fois que quelqu’un se met à le découvrir, il se convainc que c’est cela
même dont les autres ont besoin. […] L’enthousiasme à annoncer le Christ vient
de la conviction que l’on répond à cette attente. » Plus quelqu’un goute profondément
l’amitié et le message de Jésus, plus il saura en témoigner. C’est là la source
d’où jaillit un témoignage brûlant en faveur de Jésus. « Unis à Jésus,
cherchons ce qu’il cherche, aimons ce qu’il aime. » Voilà la motivation
ultime de tout témoignage chrétien.
« Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient
aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à
découvrir que c’est une source de joie supérieure. » (EG 268) Jésus est
notre modèle, lui qui s’est fait proche de tous! Nous ne devons pas être
« des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du
Seigneur. » (EG 270)
« Je suis une mission sur cette terre, et pour
cela je suis dans ce monde. Je dois reconnaître que je suis comme marqué au feu
par cette mission afin d’éclairer, de bénir, de vivifier, de soulager, de
guérir, de libérer. » (EG 273)
« L’Évangile nous raconte que les premiers disciples
allèrent prêcher, “le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole” (Mc 16, 20). Cela s’accomplit aussi de nos jours.
Il nous invite à le connaître, à vivre avec lui. Le Christ ressuscité et
glorieux est la source profonde de notre espérance, et son aide ne nous
manquera pas dans l’accomplissement de la mission qu’il nous confie. » (EG
275) Je suis un instrument du dynamisme de Jésus ressuscité continuant dans le
monde sa mission de révéler l’amour du Père pour tout être humain.
Voilà un résumé bien pauvre, en somme bien frustrant, de ce
grand texte de notre pape! Il faut le prendre dans nos mains, l’ouvrir, le
méditer au complet. Bonne lecture.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau