dimanche 4 décembre 2016

Pas d’évangélisation sans la Parole de Dieu

Dans La joie de l’Évangile (135-159), le pape François enseigne la nécessité de la Parole de Dieu pour alimenter le prédicateur et ses homélies. L’homélie doit transmettre la synthèse essentielle du message évangélique. C’est de ce cœur de l’Évangile que doit jaillir, à partir du cœur du prédicateur, une homélie qui éclaire, qui réchauffe, qui stimule, qui console, qui guide vers une vie heureuse avec Jésus. C’est ce dont le peuple de Dieu a besoin. « Le prédicateur a la très belle et difficile mission d’unir les cœurs qui s’aiment : celui du Seigneur et ceux de son peuple. » (EG 143)
 
L’homéliste doit prêter toute l’attention au texte biblique, qui doit être le fondement de la prédication. Avec humilité du cœur, il reconnaît « que la Parole nous transcende toujours, que nous n’en sommes “ni les maîtres, ni les propriétaires, mais les dépositaires, les hérauts, les serviteurs”. Cette attitude de vénération humble et émerveillée de la Parole s’exprime en prenant du temps pour l’étudier avec la plus grande attention et avec une sainte crainte de la manipuler. » (EG 146) Il faut que l’homéliste comprenne le sens des paroles proclamées dans l’assemblée.
 
Le prédicateur doit donc acquérir une grande familiarité personnelle avec la Parole de Dieu. « Il lui faut accueillir la Parole avec un cœur docile et priant, pour qu’elle pénètre à fond dans ses pensées et ses sentiments et engendre en lui un esprit nouveau ». Il lui faut se laisser renouveler par un amour grandissant de la Parole. Car « la sainteté plus ou moins réelle du ministre a une véritable influence sur sa façon d’annoncer la Parole. […] Les lectures du dimanche résonneront dans toute leur splendeur dans le cœur du peuple, si elles ont résonné en premier lieu dans le cœur du pasteur. » (EG 149) Pour annoncer la Parole, il faut d’abord être disposé à se laisser toucher par la Parole et à la faire devenir chair dans son existence concrète. La Parole vivante dans le cœur du prédicateur conditionne fondamentalement la qualité, la vérité et l’ardeur de sa prédication.
 
Cette présentation du cœur de l’Évangile doit aussi être la préoccupation première de tout catéchète. C’est la première annonce, la plus essentielle, celle qui doit être toujours reprise : « Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer » (EG 164)
 
« Ce n’est pas seulement l’homélie qui doit se nourrir de la Parole de Dieu. Toute l’évangélisation est fondée sur elle, écoutée, méditée, vécue, célébrée et témoignée. La Sainte Écriture est source de l’évangélisation. Par conséquent, il faut se former continuellement à l’écoute de la Parole. L’Église n’évangélise pas si elle ne se laisse pas continuellement évangéliser. Il est indispensable que la Parole de Dieu “devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale”. La Parole de Dieu écoutée et célébrée, surtout dans l’Eucharistie, alimente et fortifie intérieurement les chrétiens et les rend capables d’un authentique témoignage évangélique dans la vie quotidienne. Nous avons désormais dépassé cette ancienne opposition entre Parole et Sacrement. La Parole proclamée, vivante et efficace, prépare à la réception du sacrement et dans le sacrement cette Parole atteint son efficacité maximale. » (EG 174)
 
(17e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau