Pour un disciple-missionnaire, le Christ et l’Église doivent
être au centre de sa vie. Ainsi, il est une personne décentrée. L’attitude contraire
est de se mettre soi-même au centre, de se sentir bien armé, sûr de soi, autosuffisant.
En nous offrant au Christ tels que nous sommes, vases d’argile, nous sommes
alors portés hors de nous-mêmes. Penser et regardant l’horizon vers lequel on
doit aller et mettre le Christ au centre de tout : voilà la véritable
force du disciple-missionnaire. Il peut alors être créatif et généreux.
Le fondement et la source de tout engagement missionnaire,
si humble soit-il, est l’appel par Jésus « pour être ses compagnons et
pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons. » (Marc 3,14) C’est Jésus qui choisit et appelle pour d’abord être avec lui, être ses
compagnons, ses amis. Puis il envoie sur les chemins de la vie avec les moyens d’accomplir
la mission confiée. L’identité chrétienne se définit donc par deux références
fondamentales : être choisi par Jésus pour être avec lui, être engagé
dans la mission avec Jésus. Ce sont là des piliers nécessaires, inséparables!
Il est donc une réalité que nous ne devons pas
oublier : la place centrale du Christ pour chacun de nous, et aussi pour
tout groupe en Église. Il faut sans cesse se placer en face de notre Seigneur
Jésus, notre Créateur et Sauveur. Cette façon de mettre Jésus au centre nous
conduit à être décentrés. Le Christ nous fait sortir de nous-mêmes en
permanence. Il nous fait sortir de notre amour-propre, de notre volonté et de
notre intérêt.
Ces affirmations peuvent être la base d’un examen de
conscience. Je peux alors développer en moi la conscience de cette constante tentation
de penser que c’est moi qui suis mon propre centre et d’agir en conséquence! Est-ce
que je permets au Christ de devenir le centre de ma vie, d’y prendre de la
place, toute la place? Cette conscience sans cesse entretenue et développée que
le Christ est mon centre, ma source intérieure, ma vie, devient la voie d’une
mystique ouverte et qui comme pédagogie procède par le récit, le partage d’expérience.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau