« La grande richesse de la spiritualité chrétienne,
générée par vingt siècles d’expériences personnelles et communautaires, offre
une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité. Je veux
proposer aux chrétiens quelques lignes d’une spiritualité écologique qui
trouvent leur origine dans des convictions de notre foi, car ce que nous
enseigne l’Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et
de vivre. Il ne s’agit pas de parler tant d’idées, mais surtout de
motivations qui naissent de la spiritualité pour alimenter la passion de la
préservation du monde. Il ne sera pas possible, en effet, de s’engager dans de
grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime,
sans les mobiles intérieurs qui poussent, motivent, encouragent et donnent sens
à l’action personnelle et communautaire ». (EG 261) « Nous devons
reconnaître que, nous les chrétiens, nous n’avons pas toujours recueilli et
développé les richesses que Dieu a données à l’Église, où la spiritualité n’est
déconnectée ni de notre propre corps, ni de la nature, ni des réalités de ce
monde; la spiritualité se vit plutôt avec celles-ci et en elles, en communion
avec tout ce qui nous entoure. » (LS 216)
Il faut lire et relire ce texte du pape François! Ses
affirmations nous injectent un nouveau souffle de joie et de fierté : notre
héritage chrétien est un trésor!
Le pape parle d’une « mystique » chrétienne apte à
nous insuffler des pensées, des décisions, du courage pour nous engager
résolument en faveur d’une écologie naturelle et humaine. En somme, la
rencontre personnelle avec Jésus, avec l’Évangile, avec les prophètes de l’Ancien
Testament nous donne de puissantes motivations pour une action décisive, en vue
du bien commun de l’humanité et de la survie de notre planète et des espèces
vivantes qui y habitent.
« La crise écologique est un appel à une profonde
conversion intérieure. » Certains chrétiens, engagés et qui prient, ont
l’habitude de se moquer des préoccupations pour l’environnement. D’autres sont
passifs, ils ne se décident pas à changer leurs habitudes et ils deviennent
incohérents. « Ils ont donc besoin d’une conversion écologique, qui
implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec
Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation
de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence
vertueuse; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire
dans l’expérience chrétienne. » (LS 217)
Humilité, sobriété, tendresse envers toutes les créatures
vivantes, sérénité et paix du cœur dans nos relations avec les êtres vivants et
les humains, style de vie qui favorise la cohabitation et la communion :
voilà quelques attitudes à développer. Ces paragraphes sont à lire et à méditer
pour les appliquer chacun dans sa vie personnelle et dans notre vie en
communauté.
Oui, la relation personnelle avec Jésus le ressuscité est source
d’une vitalité nouvelle dans nos engagements envers notre humanité et notre
planète.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau