La vie conjugale et familiale,
comme toute vie en communauté, a besoin d’une grande force pour faire face à
tout ce qui menacer la qualité de son vivre-ensemble. Un de ces dynamismes,
c’est la capacité de développer une activité miséricordieuse et pacifique face
à l’autre.
C’est ce que fait la
personne qui sait excuser l’autre, le supporter, le couvrir, dissimuler ses
défauts. Un tel amour est le fruit d’une loyauté fidèle. Un proverbe juif
affirme qu’aimer « rend l’œil aveugle et l’oreille sourde. »
Ainsi la personne
qui aime ne cherche pas à divulguer ce qui lui semble faible, ou blessé, ou
incorrect dans l’autre. Elle tient cachées ces limites inhérentes à toute relation
humaine et ainsi protège l’autre contre les attaques, les malveillances.
La personne qui aime
et sait excuser garde le silence sur le mal qu’il peut y avoir dans une autre
personne. Cela implique de limiter son jugement, de contenir le penchant à
lancer une condamnation dure et implacable. C’est le chemin tracé par Jésus qui
ordonne à ses disciples : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez
pardonnés. » (Luc 6, 37) Et
vaut dans tout couple, toute famille, la recommandation :
« Ne médisez pas les uns des autres. » (Lettre de Jacques 4, 11)
« Les époux,
qui s’aiment et s’appartiennent, parlent en bien l’un de l’autre, ils essayent
de montrer le bon côté du conjoint au-delà de ses faiblesses et de ses erreurs.
En tout cas, ils gardent le silence pour ne pas nuire à son image. […] Ces
défauts ne sont qu’une partie, non la totalité, de l’être de l’autre. Un fait
désagréable dans la relation n’est pas la totalité de cette relation. »
(Pape François, La joie de l’amour, par. 113)
« L’autre n’est
pas seulement ce qui me dérange. Il est beaucoup plus que cela. Pour la même
raison, je n’exige pas que son amour soit parfait pour l’apprécier. Il m’aime
comme il est et comme il peut, avec ses limites, mais que son amour soit
imparfait ne signifie pas qu’il est faux ou qu’il n’est pas réel. Il est réel,
mais limité et terrestre. C’est pourquoi, si je lui en demande trop, il me le
fera savoir d’une manière ou d’une autre, puisqu’il ne pourra accepter ni de
jouer le rôle d’un être divin, ni d’être au service de toutes mes nécessités.
L’amour cohabite avec l’imperfection, il l’excuse, et il sait garder le silence
devant les limites de l’être aimé. »
Évêque émérite de Gatineau
(20e texte d’une série sur La joie de l’amour)