Le pape François (par. 47 ss) identifie un certain
« pélagianisme » comme deuxième obstacle, même ennemi subtil pour la sanctification.
Alors que le gnosticisme actuel attribue la sainteté et le salut à la connaissance, cette
deuxième tendance les attribuent à la volonté, à l’effort personnel. Ce n’est
plus l’intelligence qui occupe la place du mystère et de la grâce, mais la
volonté. Et pour contrer cette tendance, le pape cite cette affirmation si
fondamentale de s. Paul : « Il n’est pas question de l’homme qui veut
ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. » (Romains 9, 16)
Ceux qui adoptent cette mentalité « pélagianiste »
« font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent
supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce
qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique. » (par. 94)
Ils manifestent ainsi une volonté sans humilité. Car, en fait, tout n’est pas
possible à la volonté humaine.
L’absence de la reconnaissance sincère, douloureuse et
priante de nos limites est ce qui empêche la grâce de mieux agir en nous. C’est
placer trop de confiance en nous-mêmes et laisser peu de place à la grâce,
comme s’il suffisait de recevoir de temps à autre un coup de pouce de la grâce
pour nous sanctifier!
Et le pape François rappelle : « L’Église
catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos
œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend
l’initiative. » (par. 52)
Thérèse de l’Enfant Jésus a vécu cette conviction. Ce que
l’a conduite à formuler son bouleversant Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux :
« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je
ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont
des taches à vos yeux »
Et cette attitude l’a conduite à aimer d’une façon héroïque,
dans les petits gestes quotidiens, toutes les personnes qui l’entouraient, en
particulière les personnes de tempérament ou de comportement plus difficile.
Voilà ce que c’est que la sainteté! Aimer d’un amour
totalement abandonné et confiant l’Amour miséricordieux et aimer humblement son
prochain.
Évêque émérite de Gatineau
(17e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire