vendredi 11 septembre 2015

La Bible et le soin de la terre

On entend l’affirmation que l’écologie n’a rien à voir avec la foi. Le pape François pense le contraire. Et il développe dans un très long chapitre les « raisons qui se dégagent de la tradition judéo-chrétienne, afin de donner plus de cohérence à notre engagement en faveur de l’environnement. » Car « la science et la religion, qui proposent des approches différentes de la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux » (62) La foi chrétienne offre « de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles. » (64)
 
« Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. » (66) Le péché a rompu ces relations. « L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. »
 
La relation entre l'être humain et la nature est devenue conflictuelle. L’être humain est devenu dominateur et destructeur de la nature dans une exploitation sauvage. Pourtant ce n’est pas la mission donnée à l’homme selon les textes bibliques. Ils nous invitent à « cultiver et garder » le jardin du monde. « Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures. »
 
Cette position biblique appelle une ferme révision de nos habitudes d’exploiter la terre, que ce soit mon petit jardin ou d’immenses mines à l’autre bout de la planète.
 
(11e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau