jeudi 14 janvier 2016

Réagir devant cette mer de souffrances

Accueillant les diplomates accrédités auprès du Saint-Siège, le Pape s’est porté à la défense des réfugiés et de tous les déchets de nos sociétés endormies dans l’indifférence, hantées par l’adoration de l’argent et par la peur de l’autre. Ce texte est à lire au complet pour nous préparer à la Journée mondiale des migrants et réfugiés, le dimanche 17 janvier 2016. En voici quelques extraits.
 
La Bible nous montre que l’histoire humaine est faite de nombreuses migrations. « De l’exil du paradis terrestre jusqu’à Abraham en marche vers la terre promise; du récit de l’Exode à la déportation à Babylone, la Sainte Écriture raconte peines et douleurs, désirs et espérances, qui sont communs à ceux des centaines de milliers de personnes en marche de nos jours, avec la même détermination que Moïse pour atteindre une terre dans laquelle coule “lait et miel” (cf. Ex 3, 17), où pouvoir vivre libres et en paix. »
 
Aujourd’hui encore retentissent les clameurs des humains. « C’est la voix des milliers de personnes qui pleurent en fuyant des guerres horribles, des persécutions et des violations des droits humains, ou l’instabilité politique ou sociale, qui rendent souvent impossible la vie dans sa patrie. C’est le cri de tous ceux qui sont contraints de fuir pour éviter les barbaries indicibles pratiquées envers des personnes sans défense, comme les enfants et les personnes handicapées, ou le martyre pour la seule appartenance religieuse. » 

« C’est la voix de tous ceux qui fuient la misère extrême, à cause de l’impossibilité de nourrir la famille ou d’accéder à des soins médicaux et à l’instruction, de la dégradation sans perspective de quelque progrès, ou aussi à cause des changements climatiques et des conditions climatiques extrêmes. Malheureusement, on sait que la faim est encore une des plaies les plus graves de notre monde, avec des millions d’enfants qui meurent chaque année à cause d’elle. »
 
Le pape ajoute : « Comment ne pas voir dans tout cela le fruit de cette “culture du rejet” qui met en péril la personne humaine, sacrifiant des hommes et des femmes aux idoles du profit et de la consommation? Il est grave de s’habituer à ces situations de pauvreté et de besoin, aux drames de nombreuses personnes et de les faire devenir “normalité”. Les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap. »
 
Il importe de mettre en question nos priorités. Quelle est la place de la peur, de l’indifférence dans mes réactions face aux personnes qui sollicitent notre accueil? Mon cœur est-il ouvert à la générosité, à l’hospitalité, à la bonté, en somme à la fraternité? Ce sont des personnes humaines comme toi et moi!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau