samedi 14 mars 2020

Pourquoi le discernement s’impose à nous aujourd’hui?

Le pape François (par. 167), non seulement affirme que le discernement s’impose impérieusement aujourd’hui, mais donne un exemple qui en montre la nécessité. « Aujourd’hui, l’aptitude au discernement est redevenue particulièrement nécessaire. En effet, la vie actuelle offre d’énormes possibilités d’actions et de distractions et le monde les présente comme si elles étaient toutes valables et bonnes. Tout le monde, mais spécialement les jeunes, est exposé à un zapping constant. Il est possible de naviguer sur deux ou trois écrans simultanément et d’interagir en même temps sur différents lieux virtuels. Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment. »
 
Le pape actuel, formé par les Jésuites, réfère très souvent à ce discernement, qu’il s’agisse de questions de vie personnelle, de pastorale, de vocation. Dans Evangelii Gaudium (par. 51), il écrit: « Il est opportun de clarifier ce qui peut être un fruit du Royaume et aussi ce qui nuit au projet de Dieu. Cela implique non seulement de reconnaître et d’interpréter les motions de l’esprit bon et de l’esprit mauvais, mais – et là se situe la chose décisive – de choisir celles de l’esprit bon et de repousser celles de l’esprit mauvais. » Il faut reconnaître notre réalité, l’interpréter et choisir.
 
Tout le chapitre 8 d’Amoris Laetitia (par 291ss) développe la nécessité d’user de discernement dans les questions matrimoniales. Il s’intitule « Accompagner, discerner et intégrer la fragilité ».
 
Le pape est aussi revenu sur cette nécessité du discernement dans plusieurs de ses discours sur divers sujets de la vie chrétienne. Voilà qui doit nous inviter à prendre au sérieux l’importance du discernement dans notre cheminement chrétien.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(53e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 29 février 2020

Nécessité du discernement

Le pape François est très explicite sur la nécessité du discernement dans la marche des disciples de Jésus sur le chemin de la sanctification. Dans son texte sur la sainteté (par. 166), il écrit : « Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement. »
 
Mgr Marcello Semeraro a présenté un long commentaire sur cette affirmation du pape. C’est de lui que je m’inspire dans les lignes qui suivent.
 
Tous les commandements de Dieu ont pour but de nous conduire à la sainteté. Mais comment puis-je savoir comment répondre, maintenant et ici, à cette volonté de Dieu? C’est en cela que consiste le discernement.
 
C’est cette connaissance de l’ici et du maintenant qui distingue le discernement du commandement. Le commandement indique la volonté de Dieu pour tous, toujours et partout. Il ne me dit cependant pas comment je peux arriver à cette rencontre avec Dieu dans ma situation actuelle. Le discernement est alors une sorte de « géoradar » qui m’indique où je peux mettre mes pieds, pour marcher concrètement et vraiment vers Dieu.
 
Comme l’enseignaient les Pères du désert, le discernement, c’est cet « œil intérieur » qui, petit à petit, me permet d’observer la réalité et de l’évaluer du point de vue de l’Esprit. Il est le gouvernail de la vie, « comme la mère, la gardienne et la modératrice de toutes les vertus. »
 
Ces quelques remarques peuvent suffire à nous convaincre de la nécessité du discernement dans nos vies chrétiennes. Il faudra dans les prochains textes réfléchir sur les moyens pour mettre en œuvre un tel gouvernail dans le chemin quotidien de la sanctification.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(52e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

vendredi 21 février 2020

Ne pas s’endormir sur le chemin de la sainteté


Jésus nous interpelle en Lc 12, 35-37 : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là… » Et saint Paul (1Th 5, 5-6) y va de ce rappel : « Vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. Ne nous endormons pas ».
 
Le pape, dans son texte sur la sainteté (par. 164-165), applique à nos vies ces appels évangéliques et apostoliques. « Ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre. »
 
Il définit la corruption spirituelle : « Un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité. »
 
Jésus (Lc 11,24-26) nous met en garde contre une telle glissade vers la corruption : « Quand l’esprit impur est sorti de l’homme, il parcourt des lieux arides en cherchant où se reposer. Et il ne trouve pas. Alors il se dit : “Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti.” En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée. Alors il s’en va, et il prend d’autres esprits encore plus mauvais que lui, au nombre de sept; ils entrent et s’y installent. Ainsi, l’état de cet homme-là est pire à la fin qu’au début. »
 
Suis-je sur cette glissade vers l’engourdissement et la corruption spirituelle, suite de mes négligences de toutes sortes?
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(51e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

vendredi 24 janvier 2020

Éveillé, confiant, actif

Sur le chemin de la sainteté, il faut chasser l’esprit de défaite. Le pape François (par. 85) écrivait au début de son service papal : « Une des plus sérieuses tentations qui étouffent la ferveur et l’audace est le sens de l’échec, qui nous transforme en pessimistes mécontents et déçus au visage assombri. Personne ne peut engager une bataille si auparavant il n’espère pas pleinement la victoire. Celui qui commence sans confiance a perdu d’avance la moitié de la bataille et enfouit ses talents. »
 
Même devant une douloureuse prise de conscience de ses propres limites, il faut avancer sans se tenir pour battu. Il importe de se rappeler la parole du Seigneur à saint Paul : « Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).
 
Dans son magnifique texte sur la sainteté (par. 163), le même pape affirme que sur le chemin de la sainteté, « le progrès du bien, la maturation spirituelle et la croissance de l’amour sont les meilleurs contrepoids au mal. Personne ne résiste s’il reste au point mort, s’il se contente de peu, s’il cesse de rêver de faire au Seigneur un don de soi plus généreux. »
 
Voilà de quoi nous réveiller, nous stimuler, nous encourager!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(50e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 11 janvier 2020

J'ai soif

Ce nouveau livre que je publierai le 24 janvier prochain chez Médiaspaul contient 40 méditations sur la Passion et la mort de Jésus et 8 sur sa résurrection. Il peut accompagner le lecteur chrétien durant les 40 jours de carême, puis durant la semaine qui va de Pâques au dimanche suivant. Mais il peut tout aussi bien nourrir la vie intérieure tout au long de l’année. Il y aura un lancement de mon livre à Gatineau et la date sera annoncée prochainement.
 
Description du livre sur le site web de Médiaspaul.

lundi 6 janvier 2020

Revêtir l’amour

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
« Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. »
 
En ce dimanche de la sainte Famille, il est permis de se demander c’est quoi une « sainte famille ». La lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens contient un portrait qui s’applique très bien à la famille et qui peut nous inspirer. Tout en considérant que chaque famille est unique et a son histoire, saint Paul a des paroles de sagesse.
 
« Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. »
 
Mais le plus important, c’est d’avoir l’amour, qui est le lien le plus parfait, et que, dans nos cœurs, règne la paix du Christ nous dit saint Paul.
 
Depuis quelques mois, je visite une amie de 85 ans qui est hospitalisée à l’unité de gérontologie. Sa santé ne lui permet plus de rester seule dans sa maison. En arrivant dans le corridor près de sa chambre, elle me reconnaît et exprime sa joie d’avoir de la visite, de voir un visage connu, de parler. Elle en est heureuse et elle informe les infirmières et les préposés qu’un ami vient la visiter. Comme chacun des bénéficiaires, mon amie porte dans son corps fragilisé, dans un lieu bien humble, toutes les histoires de sa vie. Veuve et sans enfant, elle adopte le personnel soignant comme des proches en leur exprimant sa reconnaissance. Elle leur apporte de la joie par les mélodies qu’elle chante.
 
Dans chacune des chambres voisines de mon amie, il y a de ces familles qui, au-delà de la souffrance et des difficultés, vivent bien simplement l’amour familial fait de tendresse et de compassion. Il y a aussi de ces familles souffrantes où la personne malade est abandonnée. Enfin, il y a le personnel qui fait un travail dévoué. Oui, vivre comme une famille sainte, c’est mettre au cœur de sa vie un regard de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.
 
René Laprise
Diacre permanent
(Ce texte a été publié dans la chronique Échos de la Parole de l'Office de catéchèse du Québec)