vendredi 3 mai 2013

Vatican II et la qualité de nos célébrations

La Constitution sur la Sainte Liturgie de Vatican II a profité du renouveau liturgique de la première moitié du siècle dernier. Et elle nous enseigne le mystère de la liturgie comme actualisation de la présence et de l’activité du Christ Jésus dans la vie de l’Église. On y apprend en particulier la signification profonde et la nécessité de la célébration eucharistique dans l’Église pour sa vie intime et pour sa mission. Le Christ Jésus dans son mystère pascal est l’acteur essentiel de toute liturgie. Et alors, « toute célébration liturgique, en tant qu'œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l'Église, est l'action sacrée par excellence dont nulle autre action de l'Église ne peut atteindre l'efficacité au même titre et au même degré. » (par.7)

Le concile a insisté sur la nécessité d’une participation active, pieuse, fructueuse, pleine, consciente et communautaire de l’assemblée (principe souvent répété : art. 11, 14, 21, 30, 48). D’où l’application suivante : « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques. » (art.28) Basé sur le baptême de chaque membre de l’assemblée, Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit, ce principe doit guider nos évaluations de ce que nous vivons lors des diverses célébrations liturgiques.

Pendant 34 ans, comme évêque, je suis régulièrement allé de paroisse en paroisse pour y célébrer divers sacrements, et en particulier des eucharisties. Permettez-moi d’énumérer des façons de célébrer qui me donnent joie et grande espérance à chaque fois que je les vis dans les paroisses.

J’aime voir une sacristie propre et où diverses personnes sont à l’œuvre pour préparer et animer la célébration qui va commencer. J’apprécie d’y trouver des vêtements liturgiques convenables et qui couvrent les divers besoins de l’année liturgique. Je me réjouis de voir le missel et le lectionnaire préparés pour la célébration et des personnes pour les utiliser correctement.

Je me rends habituellement à l’entrée de l’église un peu avant la célébration. J’aime y voir un accueil bien organisé, où on est attentif aux nouveaux venus, aux personnes qui semblent ne pas connaître les lieux, aux plus pauvres. Pour le début d’une célébration, il me semble très bon d’entrer en procession avec des personnes, adultes et âgées, mais aussi jeunes, qui vont servir à l’autel, faire la lecture après une préparation adéquate, porter la croix de procession, le lectionnaire, quand ça convient (et pas seulement pour les funérailles!) l’encensoir allumé. Il est bon alors d’entrer en célébration avec un chant, soutenu par de la musique, exécuté par la chorale, mais aussi l‘assemblée soutenue par une animation adéquate et au besoin la projection des mots pour aider à en faire une vraie prière.

J’aime arriver à l’autel et constater que cette table n’est pas une sorte de « fourre-tout », mais bien respectée parce que symbolisant le Christ Jésus et donc réservée pour ce qui doit normalement y être pour la célébration, rien de plus. Les nappes et linges y sont propres de même que les vases sacrés.

Et voilà que la célébration se déroule avec une variété de ministères : servants, lectures, chantres, musicien, chorale, assemblée participante, prêtre correctement vêtu, atmosphère qui selon les décorations et couleurs reflète bien le temps liturgique vécu (Noël,  Carême, Pâques, etc.…). Et quelle chance (ou plutôt quel respect de l’assemblée!) quand en plus le microphone fonctionne bien et est bien ajusté!

Est-ce là un rêve? Non, car j’ai la joie de participer à certaines célébrations ainsi bellement vécues. Mais c’est aussi un rêve par lequel je prie l’Esprit de nous rendre capables de traduire encore mieux cette impulsion de Vatican II : « Dans les célébrations liturgiques chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques. »
(41e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau