lundi 4 novembre 2013

L’alliance abrahamique et Moïse


Dieu, en donnant son alliance à Abraham, y incluait ses descendants. Mais que leur est-il advenu alors que pendant quatre-cents ans ils ont dû vivre dans le milieu païen de l’Égypte, y furent réduits en esclavage puis menacés de génocide?
 
« Les Israélites, gémissant de leur servitude, crièrent, et leur appel à l'aide monta vers Dieu, du fond de leur servitude.  Dieu entendit leur gémissement; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites et Dieu connut... » (Exode 2, 23-25) Celui qui s’est fait connaître à leurs ancêtres n’a pas oublié. Telle est la fidélité de Dieu à son alliance, par-delà les siècles et les errances de ses alliés.
 
Moïse a essayé de libérer les siens. Mais ce fut l’échec et il devient un fuyard. Il prend une femme madianite, a  un enfant à qui il donne un nom qui exprime sa peine et sa nostalgie de réfugié. Et il essaie d'oublier! Mais Dieu le rejoint dans la solitude du Sinaï et se présente en retissant le fil des générations qui semblait à jamais brisé : « Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. » (3,6)
 
Et Dieu lui fait une bouleversante confidence : « J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel. » (3,7-8. Voir aussi 6,1-4) Les anciennes promesses sont toujours effectives.
 
Malgré les apparences, Dieu n’a pas oublié l’alliance donnée dans un élan de sa bienveillance : elle est toujours solide. Il se souvient. Il agit. Il appelle des collaborateurs. Et il n’oubliait pas non plus la finalité universelle de cette alliance qui semble ici se restreindre à un seul peuple. Nous lisons dans Ben Sirac (44, 19 à 45,1) qu’Abraham fit alliance avec Dieu, en incrusta le signe dans sa chair et lors de l'épreuve fut fidèle. « Dieu lui promit par serment de bénir toutes les nations en sa descendance, de la multiplier comme la poussière de la terre et d'exalter sa postérité comme les étoiles,  de leur donner le pays en héritage, d'une mer à l'autre, depuis le Fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. À Isaac, à cause d'Abraham son père, il renouvela la bénédiction de tous les hommes; il fit reposer l'alliance sur la tête de Jacob. Il le confirma dans ses bénédictions et lui donna le pays en héritage […] Il fit sortir de lui un homme de bien qui trouva faveur aux yeux de tout le monde, bien‑aimé de Dieu et des hommes, Moïse, dont la mémoire est en bénédiction. »
 
En ces temps où nous vivons dans un contexte social et culturel où se multiplient les idoles et où il nous semble que beaucoup oublient ou méprisent l’alliance de leurs ancêtres, il est très précieux de nous souvenir que Dieu n’oublie pas. Il est fidèle. Il nous demande d'oser lui faire confiance. Il est capable, par des chemins que nous ignorons et au temps qui sera le sien, d’activer d’une façon neuve son alliance éternelle avec les humains. Car il veut leur salut et leur bonheur.
(10e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau