Dieu, en
donnant son alliance à Abraham, y incluait ses descendants. Mais que leur
est-il advenu alors que pendant quatre-cents ans ils ont dû vivre dans le milieu
païen de l’Égypte, y furent réduits en esclavage puis menacés de génocide?
« Les
Israélites, gémissant de leur servitude, crièrent, et leur appel à l'aide monta
vers Dieu, du fond de leur servitude.
Dieu entendit leur gémissement; Dieu se souvint de son alliance avec
Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites et Dieu connut... » (Exode 2, 23-25) Celui qui s’est
fait connaître à leurs ancêtres n’a pas oublié. Telle est la fidélité de Dieu à
son alliance, par-delà les siècles et les errances de ses alliés.
Moïse a
essayé de libérer les siens. Mais ce fut l’échec et il devient un fuyard. Il
prend une femme madianite, a un enfant à
qui il donne un nom qui exprime sa peine et sa nostalgie de réfugié. Et il essaie
d'oublier! Mais Dieu le rejoint dans la solitude du Sinaï et se présente en retissant
le fil des générations qui semblait à jamais brisé : « Je suis le
Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. »
(3,6)
Et Dieu lui
fait une bouleversante confidence : « J'ai vu, j'ai vu la misère de
mon peuple qui est en Égypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs; oui,
je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens
et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une
terre qui ruisselle de lait et de miel. » (3,7-8. Voir aussi 6,1-4) Les
anciennes promesses sont toujours effectives.
Malgré les
apparences, Dieu n’a pas oublié l’alliance donnée dans un élan de sa
bienveillance : elle est toujours solide. Il se souvient. Il agit. Il
appelle des collaborateurs. Et il n’oubliait pas non plus la finalité
universelle de cette alliance qui semble ici se restreindre à un seul peuple. Nous
lisons dans Ben Sirac (44, 19 à 45,1) qu’Abraham fit alliance avec Dieu, en
incrusta le signe dans sa chair et lors de l'épreuve fut fidèle. « Dieu
lui promit par serment de bénir toutes les nations en sa descendance, de la
multiplier comme la poussière de la terre et d'exalter sa postérité comme les
étoiles, de leur donner le pays en
héritage, d'une mer à l'autre, depuis le Fleuve jusqu'aux extrémités de la
terre. À Isaac, à cause d'Abraham son père, il renouvela la bénédiction de tous
les hommes; il fit reposer l'alliance sur la tête de Jacob. Il le confirma dans
ses bénédictions et lui donna le pays en héritage […] Il fit sortir de lui un
homme de bien qui trouva faveur aux yeux de tout le monde, bien‑aimé de Dieu et
des hommes, Moïse, dont la mémoire est en bénédiction. »
En ces
temps où nous vivons dans un contexte social et culturel où se multiplient les
idoles et où il nous semble que beaucoup oublient ou méprisent l’alliance de
leurs ancêtres, il est très précieux de nous souvenir que Dieu n’oublie pas. Il
est fidèle. Il nous demande d'oser lui faire confiance. Il est capable, par des
chemins que nous ignorons et au temps qui sera le sien, d’activer d’une façon
neuve son alliance éternelle avec les humains. Car il veut leur salut et leur
bonheur.
(10e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau