Cette qualité
nécessaire dans la vie familiale consiste à être lent à la colère. Le pape
François commente, dans La joie de l’amour par. 91-92: « Cela se révèle quand la personne ne se
laisse pas mener par les impulsions et évite d’agresser. » Il s’agit de tenir bon et avec douceur pour
supporter les autres ou les événements qui nous énervent.
Une telle attitude
est faite à la fois de douceur, de force d’âme, d’humilité. Elle est le fruit
de la paix, de la tranquillité intérieure. Elle ignore les lamentations, la susceptibilité,
l’aigreur des relations dans le couple et dans la famille. Elle est en somme le
fruit d’un grand cœur. Mais elle ne signifie pas de permettre qu’on nous
maltraite en permanence, ni de tolérer les agressions physiques, ni de permettre
qu’on nous traite comme des objets.
Le problème survient
lorsque nous exigeons que les personnes soient parfaites; ou bien quand nous nous mettons au centre et
espérons que notre seule volonté s’accomplisse. Le résultat est alors que
« tout nous impatiente, tout nous porte à réagir avec agressivité. Si nous
ne cultivons pas la patience, nous aurons toujours des excuses pour répondre
avec colère, et en fin de compte nous deviendrons des personnes qui ne savent
pas cohabiter, antisociales et incapables de refréner les pulsions, et la
famille se convertira en champ de bataille. » (Pape François)
Ce qui fortifie la patience,
c’est de reconnaître « que l’autre aussi a le droit de vivre sur cette
terre près de moi, tel qu’il est. Peu importe qu’il soit pour moi un fardeau,
qu’il contrarie mes plans, qu’il me dérange par sa manière d’être ou par ses
idées, qu’il ne soit pas tout ce que j’espérais. » L’amour est compréhension
et compassion qui portent « à accepter l’autre comme une partie de ce
monde, même quand il agit autrement que je l’aurais désiré. »
Rappelons
l’exhortation de saint Paul qui donne le motif chrétien pour une telle patience :
« Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit
être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre
vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres,
comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » (Éphésiens, 4, 31-32)
Évêque émérite de Gatineau
(10e texte d’une série sur La joie de l’amour)