Faut-il, oui ou non, accueillir à la communion les personnes
catholiques divorcées remariées dont la nullité du premier mariage n’a pas été
prononcée par un tribunal compétent de l’Église? C’est là une des questions
très sensibles qui furent discutées lors des deux sessions du Synode sur la famille et que le pape François a développé dans son Exhortation apostolique La joie de l’amour.
Dans plusieurs paragraphes
(par. 296ss), il traite de diverses situations dites
« irrégulières ». Il s’agit de situations de fragilité ou
d’imperfection. Le pape demande à tous de comprendre que « la route de
l’Église est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de
l’intégration. La route de l’Église est celle de ne condamner personne
éternellement; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui
la demandent d’un cœur sincère. » Il faut donc éviter les jugements qui ne
tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations. Il faut également
être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur
condition.
Et le pape cite les conclusions du synode : « Dans
l’optique d’une approche pastorale envers les personnes qui ont contracté un
mariage civil, qui sont divorcées et remariées, ou qui vivent simplement en
concubinage, il revient à l’Église de leur révéler la divine pédagogie de la
grâce dans leurs vies et de les aider à parvenir à la plénitude du plan de Dieu
sur eux. » Cela est toujours possible avec la force de l’Esprit Saint.
Il ne s’agit pas de changer la législation actuellement en vigueur.
« Il faut seulement un nouvel encouragement au discernement responsable
personnel et pastoral des cas particuliers, qui devrait reconnaître que, étant
donné que le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas, les
conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être
toujours les mêmes. » Les prêtres doivent donc accompagner les personnes
concernées sur la voie du discernement « selon l’enseignement de l’Église
et les orientations de l’évêque. » (par. 300)
On connait l’insistance du pape actuel sur la question du discernement et du respect de la conscience. Il y revient très souvent dans ses
divers discours. Il continue dans La joie
de l’amour : « Le colloque avec le prêtre, dans le for interne,
concourt à la formation d’un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité
d’une participation plus entière à la vie de l’Église et sur les étapes à
accomplir pour la favoriser et la faire grandir. […] Lorsqu’on rencontre une
personne responsable et discrète, qui ne prétend pas placer ses désirs
au-dessus du bien commun de l’Église, et un Pasteur qui sait reconnaître la
gravité de la question entre ses mains, on évite le risque qu’un discernement
donné conduise à penser que l’Église entretient une double morale. »
Il faut prier beaucoup l’Esprit de Jésus ressuscité et don
du Père pour que nous comprenions ce que le pape actuel nous indique comme
chemin où il faut s’engager résolument. C’est celui du discernement, du respect
des consciences et de la miséricorde.
Évêque émérite de Gatineau
(55e texte d’une série sur La joie de l’amour)
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