vendredi 5 mai 2017

Jésus ressuscité m’a cherché et trouvé

L’évangéliste Luc (24, 13-35) raconte un événement qui s’est produit le soir même du jour où le tombeau de Jésus a été trouvé ouvert et vide. (Jean, 20, 1-2) Il nous présente deux disciples, dont il ne nomme qu’un : Cléophas. Je me reconnais dans l’autre, l’anonyme.
 
Comme ces deux-là, j’ai vécu de nombreuses années, comme baptisé puis comme prêtre, avec des doutes au cœur sur mon orientation vocationnelle, une profonde déception face à diverses dimensions de la vie de l’Église. Comme eux, je connaissais tout sur la vie et la mort de Jésus, aussi sur les dires qu’il est ressuscité. Mais c’était une connaissance théorique, incapable de dynamiser ma vie, lourde et souvent triste.
 
Puis, sans que je sache pourquoi ni comment, un jour de ce mois de juillet il y a 42 ans, Jésus ressuscité a fait irruption dans ma vie. Depuis, je cherche à reprendre contact avec cet instant, court comme un éclair, mais qui a illuminé et brûlé mon cœur. Je n’y parviens pas! Mais je ne peux pas oublier le tremblement intérieur, l’éruption provoquée dans ma vie par cette visite. Les Écritures sont devenues un flot jaillissant dans la mémoire de mon cœur. Elles me parlaient d’un Vivant. Elles me murmuraient, même impétueusement m’ordonnaient, mais avec tendresse, d’oser affirmer : « Jésus est vraiment ressuscité! ».
 
Quel don bouleversant que celui de la foi en Jésus vainqueur du mal et de la mort, vivant et venant me rejoindre sur mes chemins de vie, m’y révélant même qu’il m’y précède toujours.
 
Le Vivant me demandait de témoigner en sa faveur dans le procès que le monde continue à lui faire. J’ai été, hélas, plus souvent un gardien d’institution qu’un témoin audacieux et humble!
 
Mais Jésus ressuscité ne m’a jamais abandonné. Le choc sismique provoqué il y a 42 ans par l’irruption de Jésus ressuscité est toujours actif en moi, malgré tant d’infidélités et d’oublis. En ressuscitant Jésus, le Père a attesté l’authenticité de son identité de Fils de Dieu, la vérité dc tout son ministère : actes, paroles, mort ignominieuse en croix. Et le cœur blessé (Jean 19, 34) du Ressuscité est la source inépuisable de l’Esprit du Père pour ses enfants qui acceptent de lui faire confiance. Source enfouie en moi par mon baptême, jaillie comme un geyser en ce juillet 1975, devenue plus discrète mais sans cesse me dynamisant par la vie même du Vivant.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 1 mai 2017

Le GPS qui guide notre Pâque vers le Père

Jésus avait un GPS qui l’a guidé durant sa vie et sa mort : sa Pâque, son passage de ce monde vers le Père. C’était la volonté de son Père. Il l’a affirmé à ses disciples : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jean 4, 34) Et encore : « Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » (Jean 8, 29)
 
C’est particulièrement durant son agonie que nous pouvons voir comment, au plus profond de sa détresse, Jésus a cherché son chemin en se laissant guider par cette divine et mystérieuse volonté du Père sur lui. « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. » Puis, il tombe à terre et prie pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux! » (Marc 14, 34-36)
 
Jésus a vécu son chemin pascal en s’orientant sur la volonté du Père qui l’a envoyé. Il vit cette Pâque avec au cœur un amour filial et un courage bien décidé à obéir au Père, à lui faire totalement confiance, quelles que soient les difficultés de ce chemin qui doit donner comme fruit la vie éternelle pour tous les humains. Et sa dernière parole est pacifiée et filiale : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Luc 23,46)
 
« Il n’y a pas de moment ou d’action de la vie d’un croyant qui ne puisse être transformé en un acte d’obéissance amoureuse au Père. Il suffit que nous nous demandions avec un peu de recueillement et d’insistance : qu’est-ce que le Seigneur veut que je fasse en ce moment et dans cette circonstance? » (Raniero Cantalamessa) Les évangiles nous montrent que c’est ainsi que faisait Jésus.
 
Et c’est pour que sa Pâque devienne la nôtre au ras des jours et des aléas divers, avec leurs joies et leurs peines, que Jésus a ajouté : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » (Jean 12, 26) Notre GPS, c’est Jésus ressuscité nous incitant sans cesse par son Esprit à nous conduire comme des filles et des fils qui se savent tendrement chéris par le Père qui veut que nous passions avec son Fils vers notre demeure éternelle. La vie, les gestes, les paroles du Fils incarné nous montrent et nous disent constamment le chemin vers le Père.
 
Quelle espérance est ainsi semée dans notre histoire, même au cœur de ses moments les plus douloureux! Le Père, notre Père ne nous laisse jamais seuls et il nous aime! Et il veut nous honorer pour toujours avec Jésus chez lui, chez nous.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 28 avril 2017

Notre Pâque

La Pâque de Jésus, son passage de ce monde chez le Père, est le plein accomplissement de sa mission. Il a pris notre chair, avec ses beautés et ses lourdeurs, pour que nous passions avec lui chez le Père. Il est par le mystère de sa mort et de sa résurrection l’initiateur et le couronnement de notre salut. C’est lui qui y fait tout.
 
Mais il ne suffit pas de passivement accueillir ce don de notre salut qui est vie éternelle. Il nous faut vivre notre propre Pâque, passer avec Jésus chez le Père. Et encore là, Jésus est l’initiateur qui nous met en marche dans ce passage.
 
Par le don de la foi et du baptême, nous recevons l’Esprit qui était promis. C’est bien Jésus, lui qui est passé de la mort à la vie, « qui baptise dans l'Esprit Saint. » (Jean 1, 33) Nous sommes lavés par son sang, nourris de sa chair, habités par son Esprit. Telle est la richesse qu’il nous confie pour que, durant notre Pâque, notre passage sur cette terre en marche vers notre patrie, nous devenions des témoins crédibles, qui osent, comme Marie de Magdala, proclamer par leurs vies : « J’ai vu le Seigneur! » (Jean 20, 18) et qui racontent ce que le Ressuscité leur a dit.
 
Notre Pâque consiste alors à vivre au quotidien le commandement de Jésus : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jean 13, 14-17)
 
Ou encore, selon la belle homélie baptismale de Pierre : « En obéissant à la vérité, vous avez purifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères; aussi, d’un cœur pur, aimez-vous intensément les uns les autres, car Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure. » (1 Pierre, 1, 22-23)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 20 avril 2017

La Pâque de Jésus

Le Vendredi saint et durant la nuit pascale, nous avons célébré la Pâque de Jésus. L’évangéliste Jean en donne le sens lorsqu’il écrit :
 
« Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jean 13, 1)
 
La Pâque de Jésus, c’est le passage de ce monde limité et mortel pour aller chez le Père. Jésus y a sa source divine, car il est le Fils, et c’est aussi sa maison, la maison de son Père. La Pâque de Jésus, c’est le retour chez lui après avoir accompli sa mission. L’évangéliste explicite encore ce passage de Jésus en insistant sur le fait que Jésus comprend bien ce qui se passe et quel passage il doit vivre pour parvenir à son but. Le Fils incarné sait « qu'il est sorti de Dieu et qu'il va vers Dieu ».
 
Ce passage de Jésus s’éclaire par un autre passage qui a eu lieu il y a déjà plus de mille ans : le passage, la Pâque de Dieu en Égypte. Alors, les descendants d’Abraham y étaient esclaves. Ils râlaient de douleur sous les coups de gardes-chiourmes les obligeant à travailler la brique et à construire des entrepôts pour Pharaon. Dieu a vu leurs souffrances et leurs larmes. Il a entendu leurs plaintes et a décidé d’intervenir.
 
Une certaine nuit, après de multiples signes de sa puissance souveraine, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob est passé à travers le pays d’Égypte en le dévastant. Mais Dieu promet aux filles et fils de la promesse faite à Abraham :
 
« Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. » (Exode,12, 13)
 
Il est « passé » par-dessus les fils d’Israël, les préservant de la mort, les rassurant par sa fidèle présence. Passage qui va devenir libération de tout le peuple à travers les eaux de la Mer.
 
Maintenant, c’est Jésus qui « passe » de ce monde vers le Père. Et il vit cette Pâque, à la fois douloureuse et glorieuse, pour nous! Soyons dans la joie!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 16 avril 2017

Message pascal 2017

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean, 12, 24)
 
En cette Pâques 2017, Jésus ressuscité nous invite à lui faire confiance, à nous lever et à le suivre sur cette route d’espérance et de don de soi par amour.
 
Il nous offre son goût de vivre et sa joie.
 
Belle journée de Pâques avec votre famille, les personnes qui vous sont chères. Et n’oubliez pas celle ou celui qui est seul et attend un sourire, un accueil, peut-être aussi quelques sous.
 
† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

dimanche 9 avril 2017

La croix de Jésus dans nos vies

Jésus y est allé jusqu’au bout de l’amour. Car « nul n'a plus grand amour que celui-ci : déposer sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13)
 
Et depuis, sa croix est dressée sur notre monde.
 
Y sont attachés tous les malheureux de notre humanité en mal de tendresse, de pardon, de libération, de guérison, d’amour.
 
Elle est appel à aimer comme lui.
 
Puisse cette interpellation de la croix faire bouger nos cœurs si souvent figés devant ces souffrances qui jalonnent nos chemins quotidiens ou encore viennent nous héler par le truchement des écrans de télévision ou des médias sociaux.
 
Que la folie de Jésus soit notre élan vers tant de personnes qui attendent un geste, un sourire, un pardon, une caresse.
 
Bonne Sainte Semaine! Bon Vendredi Saint!
 
† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

dimanche 2 avril 2017

Esclaves contemporains

J’ai longtemps pensé que l’esclavage avait disparu de nos civilisations depuis quelques siècles, en fait depuis son abolition par la Grande-Bretagne et le Canada.
 
C’est avec stupéfaction que j’ai découvert l’ampleur et les multiples formes d’esclavage contemporaines lorsque la Conférence Religieuse Canadienne organisa une campagne de sensibilisation sur le sujet.
 
Le thème des multiples formes d’esclavage et la nécessité de leur abolition sont devenus une priorité dans le programme du pape François. Il affirme que « dans un système économique mondial dominé par le profit, se sont développées de nouvelles formes d’esclavage, d’une certaine façon pires et plus inhumaines que celles connues par le passé »
 
Le pape appelle très fermement les diverses autorités à lutter contre ces esclavages.

Énumérons quelques-unes de ces formes contemporaines d’esclavage, particulièrement destructrices des personnes, de leur dignité :

-        La drogue

-        La mafia

-        Esclavage pour dette; travail forcé, esclavage sexuel; esclavage traditionnel
 
Il y aurait au moins 36 millions d’esclaves actuellement dans le monde. Et notre pays n’en est pas exempt!
 
Il est important de prendre conscience du phénomène si dégradant. C’est dans ce but que le pape a nommé une ancienne esclave sainte et patronne des personnes opprimées par l’esclavage sous toutes formes.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau