« Heureux les
yeux qui voient ce que vous voyez! » (Luc 10, 23) Ces paroles de Jésus
sont dites aujourd’hui pour moi, pour toi. En prévision du mois
de décembre, je vous invite à vous procurer mon carnet de retraite intitulé Au quotidien, Avent et Noël 2019.
lundi 14 octobre 2019
samedi 5 octobre 2019
Dans ma prière, me souvenir des miséricordes divines
Peuple choisi par Dieu et qui en a reçu le don d’une
alliance avec lui au Sinaï (Exode 24,8), les descendants d’Abraham feront sans cesse mémoire dans leurs prières,
et particulièrement dans les psaumes, des protections, des générosités, des
pardons de son Allié. Et il saura adorer son Allié, lui rendre grâces pour tant
de merveilles, solliciter son pardon et sa miséricorde.
Cela vaut aussi pour nous qui sommes en alliance avec le
Père, grâce au sang de Jésus et par l’œuvre de l’Esprit. Par notre baptême,
nous sommes devenus membres de la famille divine et nous vivons continuellement
des dons généreux, merveilleux dont Dieu nous comble. Il faut savoir les
identifier, les nommer et nous en réjouir, en rendre grâces, en faire mémoire.
Il nous est donc essentiel de faire mémoire, dans nos
prières, de la bonté, de la miséricorde divines à notre égard, mais aussi à
l’égard des autres, de tout ce que le Seigneur fait dans l’histoire de
l’Église, dans la vie des peuples, dans les merveilles de la nature.
C’est ce qu’enseigne s. Ignace de Loyola aux personnes qui
vivent les Exercices spirituels, par.
233-237. Après m’être mis en présence de Dieu, « je demanderai la
connaissance intime de tant de bienfaits que j'ai reçus de Dieu, afin que dans
un vif sentiment de gratitude, je me consacre sans réserve au service et à
l'amour de sa divine Majesté. […] Je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que
j'ai reçus : ceux qui me sont communs avec tous les hommes, la Création,
la Rédemption, et ceux qui me sont particuliers. […] Puis, faisant un retour
sur moi-même, je me demanderai ce que la raison et la justice m'obligent de mon
côté à offrir et à donner à sa divine Majesté, c'est-à-dire toutes les choses
qui sont à moi et moi-même avec elles; et, comme une personne qui veut faire
agréer un don, je dirai du fond de l'âme : prenez, Seigneur, et recevez
toute ma liberté, ma mémoire, mon entendement et toute ma volonté; tout ce que
j'ai et tout ce que je possède. Vous me l'avez donné, Seigneur, je vous le
rends; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre
amour; donnez-moi votre grâce : elle me suffit. »
« Puis je considérerai Dieu présent dans toutes les
créatures : dans les éléments, leur donnant l'être; dans les plantes, leur
donnant la végétation; dans les animaux, leur donnant le sentiment; dans les
hommes, leur donnant l'intelligence. Il est en moi-même de ces différentes
manières, me donnant tout à la fois l'être, la vie, le sentiment et
l'intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple; et, dans
cette vue, il m'a créé à la ressemblance et à l'image de sa divine Majesté. »
Tous ces actes de mémoire deviendront les fils qui tisseront ma prière
quotidienne.
Le pape François (par. 153) m’exhorte à prier
ainsi : « Regarde ton histoire quand tu pries et tu y trouveras
beaucoup de miséricorde. En même temps, cela alimentera ta conscience du fait
que le Seigneur te garde dans sa mémoire et ne t’oublie jamais. Cela a donc un
sens de lui demander d’éclairer encore les petits détails de ton existence, qui
ne lui échappent pas. »
Évêque émérite de Gatineau
(45e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
lundi 30 septembre 2019
Avent et Noël 2019 : déjà!
L’automne vient à
peine de commencer avec les colories automnales et voilà qu’il est question du
temps liturgique de l’Avent et de Noël. C’est ce que nous propose Novalis avec
son nouveau carnet de retraite intitulé Au quotidien, Avent et Noël 2019. Rédigé par Mgr
Roger Ébacher, archevêque émérite de Gatineau, le carnet de retraite propose un
texte par jour du 1er au 25 décembre 2019. Dans son texte de
présentation du carnet, Mgr Ébacher nous invite à « être un lumignon,
certes bien vacillant, mais rayonnant quand même de la joie tamisée de cette
saison. » La Parole peut être notre bâton de marche et c’est cette
espérance que l’auteur nous invite à vivre.
Les paroisses sont
invitées à s’en procurer des copies pour l’offrir dans leur communauté. Voici
le lien pour se procurer le carnet de prière.
vendredi 27 septembre 2019
Entrer dans les plaies du Seigneur et dans le cœur du prochain
Le pape François sait interpeler en « tu », et très
vigoureusement. Je retiens deux exemples (par. 151-152), entre tellement d’autres. En deux
courts paragraphes, il affirme comment toutes les deux sont nécessaires au
cheminement vers la sainteté : la prière contemplation dans le silence et
la prière qui n’éloigne pas des humains et de leurs besoins, mais rend toujours
plus présents aux autres. Il faut cesser d’opposer contemplation et action,
comme l’enseignait déjà le pape dans son homélie du 21 juillet 2013.
D’abord, la nécessité de longuement s’arrêter devant le visage
du Christ pour entrer dans ses entrailles de tendresse et de miséricorde :
« J’ose donc te demander : Y a-t-il des moments où
tu te mets en sa présence en silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te
laisses regarder par lui? Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur? Si
tu ne lui permets pas d’alimenter la chaleur de son amour et de sa tendresse,
tu n’auras pas de feu, et ainsi comment pourras-tu enflammer le cœur des autres
par ton témoignage et par tes paroles? Et si devant le visage du Christ tu ne
parviens pas à te laisser guérir et transformer, pénètre donc les entrailles du
Seigneur, entre dans ses plaies, car c’est là que la miséricorde divine a son
siège. » (Le pape réfère au 61e sermon de s. Bernard sur le Cantique des Cantiques.)
Puis la prière qui nous rend frère, sœur des autres, capable
de sentir leurs souffrances et de leur manifester tendresse et amour en
actes :
« Mais je prie pour que nous ne considérions pas le
silence priant comme une évasion niant le monde qui nous entoure. Le “pèlerin russe”, qui marchait dans une prière continue, raconte que cette prière ne
le séparait pas de la réalité extérieure : “Lorsqu’il
m’arrivait de rencontrer des gens, ils me semblaient aussi aimables que s’ils
avaient été de ma famille [...] Ce bonheur n’illuminait pas seulement
l’intérieur de mon âme; le monde extérieur aussi m’apparaissait sous un aspect
ravissant”. »
Comme tout ce document sur la sainteté et sur les chemins pour
y parvenir, voilà deux petits paragraphes à bien méditer pour discerner ce que
nous vivons!
Évêque émérite de Gatineau
(44e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
mardi 17 septembre 2019
La personne sainte a besoin de communiquer avec Dieu
Dans les textes précédents, j’ai résumé les quatre premières
caractéristiques du style de vie auquel Jésus appelle ses disciples, selon le
pape François :
-
Endurance, patience et douceur (112-121).
-
Audace et ferveur (129-139).
-
En communauté (147-157).
-
Le pape en identifie une cinquième : une personne
sainte est dotée d’un esprit de prière (« En prière constante »)
(147-157).
Ce sont là cinq chemins de sanctification au ras de la vie
quotidienne avec ses joies et ses peines, ses morts et ses résurrections.
Jésus, dès l’âge de douze ans, allait au temple avec ses
parents pour prier. Jésus priait en allant sur les routes vers les pécheurs et
les rejetés par la société. Jésus priait la nuit, seul sur la montagne. Jésus
priait en présence de ses disciples et ainsi leur enseignait à prier. S. Jean
nous apprend que la veille de sa mort, Jésus, levant les yeux au ciel, a fait
une longue prière pour lui-même, pour ses disciples, pour toutes les personnes
qui croiront en lui, donc pour chacun et chacune de nous. Jésus priait sur la
croix.
Le pape est catégorique : « Je ne crois pas dans
la sainteté sans prière, bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de longs
moments ou de sentiments intenses. » (par. 147)
S’efforcer de vivre toujours en la présence de Dieu, ne pas
se lasser de désirer Dieu, de l’adorer en tout, de toujours rendre grâces, même
au milieu des diverses occupations de la vie ordinaire, des déboires, des croix :
voilà le style de vie que l’Esprit œuvre de faire jaillir en nous, les
disciples de Jésus qui veulent suivre leur Seigneur et Maître dans ce chemin de
prière.
Mais pour que cela soit possible, « il faut aussi
quelques moments uniquement pour Dieu, dans la solitude avec lui. » La
prière est « un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul
à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé ». (Thérèse d’Avila) La prière confiante est une réaction du cœur
qui s’ouvre à Dieu pour écouter la voix suave du Seigneur qui résonne dans le
silence.
Et le pape nous exhorte avec fermeté : « J’ose
donc te demander : Y a-t-il des moments où tu te mets en sa présence en
silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te laisses regarder par lui?
Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur? Si tu ne lui permets pas
d’alimenter la chaleur de son amour et de sa tendresse, tu n’auras pas de feu,
et ainsi comment pourras-tu enflammer le cœur des autres par ton témoignage et
par tes paroles? Et si devant le visage du Christ tu ne parviens pas à te
laisser guérir et transformer, pénètre donc les entrailles du Seigneur, entre
dans ses plaies, car c’est là que la miséricorde divine a son siège. »
(par. 151)
« Dans le
silence, il est possible de discerner, à la lumière de l’Esprit, les chemins de
sainteté que le Seigneur nous propose. […] Pour tout disciple, il est
indispensable d’être avec le Maître, de l’écouter, d’apprendre de lui,
d’apprendre toujours. Si nous n’écoutons pas, toutes nos paroles ne seront que
du bruit qui ne sert à rien. » (par.150)
Comment de telles paroles me guident-elles pour discerner la
qualité spirituelle et apostolique de ma vie quotidienne?
Évêque émérite de Gatineau
(43e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
dimanche 8 septembre 2019
Un appel au dépassement
Évangile de Jésus selon saint Luc (14, 25-33)
« Si quelqu’un vient à
moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et
sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Si
Jésus voulait attirer des personnes dans la foule qui le suivait, il plaçait la
barre très haute pour les critères de recrutement. L’histoire ne précise pas si
plusieurs personnes ont posé leur candidature. Mais la radicalité de Jésus
trouve tout son sens dans la suite de son interpellation : « Celui qui ne
porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon
disciple. »
Depuis les débuts des premières
communautés chrétiennes, il y a eu beaucoup d’hommes et de femmes qui ont tout
abandonné pour vivre et témoigner du message de Jésus. Il n’est pas rare
d’avoir entendu le témoignage d’un oncle religieux ou d’une tante religieuse
qui racontait comment il ou elle avait vécu sa coupure avec sa famille. Les
règles ou modalités de la vie religieuse étaient parfois difficiles et
souffrantes. La dimension missionnaire passait avant la dimension de la famille
naturelle.
Et aujourd’hui, voyons-nous
encore des disciples se lever pour marcher à la suite du Christ? Oui, même si
la vie religieuse étonne parfois et pose question. Mais, il y a aussi plusieurs
autres personnes qui font des choix radicaux dans leur style de vie pour
militer pour la protection de l’environnement, la paix dans le monde, la
défense des personnes marginalisées ou encore la défense des droits humains
fondamentaux. C’est aussi ça être en résonnance avec l’Évangile.
En fait, porter sa croix à la suite de Jésus, c’est être
capable de communier aux souffrances et aux joies de ses frères et sœurs en
humanité.
René Laprise
Diacre permanent
(Ce texte a été publié dans la chronique Échos de la Parole de l'Office de catéchèse du Québec)
mardi 3 septembre 2019
La sanctification est un chemin communautaire
Nous connaissons les moines trappistes de Tibhirine qui se
sont préparés ensemble au martyre. L’Église les a déclarés tous en même temps
« bienheureux ». Nous connaissons aussi le couple Martin. Les
deux époux ont été canonisés en même temps parce qu’ils ont vécu saintement la
vie ordinaire des époux chrétiens. Beaucoup d’autres
couples ne sont pas canonisés, mais pour qui la vie dans le mariage a été un
instrument du Christ pour la sanctification de chaque conjoint.
Le pape François (par. 141) l’affirme sans hésitation :
« La sanctification est un cheminement communautaire, à faire deux à deux.
[…] Vivre ou travailler avec d’autres, c’est sans aucun doute un chemin de
développement spirituel. »
Que ce soit en famille, en paroisse, en communauté
religieuse, la vie communautaire est faite de beaucoup de petits détails
quotidiens. Le pape (par. 144) note que Jésus invitait ses disciples à prêter
attention aux détails. Et il en donne une liste apte à attirer notre attention
sur les petits détails de notre propre vie avec les autres :
« Le petit détail du vin qui était en train de manquer
lors d’une fête.
Le petit détail d’une brebis qui manquait.
Le petit détail de la veuve qui offrait ses deux piécettes.
Le petit détail d’avoir de l’huile en réserve pour les
lampes au cas où tarderait le fiancé.
Le petit détail de demander à ses disciples de vérifier
combien de pains ils avaient.
Le petit détail d’avoir allumé un feu de braise avec du
poisson posé dessus tandis qu’il attendait les disciples à l’aube. »
Autre exemple : non seulement dans le couple et dans la
famille, mais dans toute communauté, doivent être employés généreusement, en
vérité et avec cœur trois mots-clés (par. 133) : « s’il te plaît, merci,
pardon ». Ce sont de telles petites attentions qui, vécues au bon moment,
protègent et alimentent jour après jour l’amour dans la communauté. Les membres
s’y protègent mutuellement. Et Jésus qui y est présent, protège et sanctifie ce
lieu de vie ensemble et chacun de ses membres.
Car, à l’opposé de la tendance à l’individualisme
consumériste qui finit par nous isoler dans la quête du bien-être en marge des
autres, une telle vie communautaire est un véritable chemin de sanctification.
Évêque émérite de Gatineau
(42e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
Inscription à :
Articles (Atom)