mercredi 4 avril 2012

La torture

Une information récente reproduite dans plusieurs médias suite à un texte de la Presse Canadienne est très surprenante et m’interroge profondément. Elle porte sur la torture et elle affirme que « le gouvernement fédéral a autorisé les services canadiens d'espionnage à fournir des informations à des agences étrangères même s'il existait un " risque important " que cela mène à de la torture ».  On y parle aussi « d'un arrêté ministériel autorisant l'utilisation d'informations extorquées sous la torture, dans les cas où la sécurité publique est en jeu ».

Qu’en dit le droit international tel que décrété par les Nations-Unies ou par d’autres organismes largement représentatifs? Dans Wikipedia, nous trouvons une réponse forte, convaincante : « La Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée le 10 décembre 1948 par l'ONU, est le premier texte international à déclarer illégale la torture, dans son article 5 : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Les quatre Conventions de Genève adoptées en 1949 et leurs Protocoles additionnels (1977) prohibent la torture (qui ne s'identifie pas, malgré les ressemblances et les zones d'indiscernabilité, à la notion de « peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant »). D'autres textes internationaux ou régionaux l'ont, dans les années suivantes, interdite également. Le premier est la Convention européenne des droits de l'homme, adoptée en 1951 par le Conseil de l'Europe, qui est le premier traité interdisant la torture (article 3). » (2) Toutes ces prises de positions, à d’aussi hauts niveaux de responsabilités, montrent bien la gravité extrême de la question.

Qu’en dit l’Église catholique ? « Dans le déroulement des enquêtes, il faut scrupuleusement observer la règle qui interdit la pratique de la torture, même dans le cas des délits les plus graves: " Le disciple du Christ rejette tout recours à de tels moyens, que rien ne saurait justifier et où la dignité de l'homme est avilie chez celui qui est frappé comme d'ailleurs chez son bourreau " [Citation de Jean-Paul dans un discours au comité international de la Croix-Rouge, 15 juin 1982]. Les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme indiquent à juste titre l'interdiction de la torture comme un principe auquel on ne peut déroger en aucune circonstance. »

De telles prises de positions, aussi explicites et aussi catégoriques par de telles instances internationales ne peuvent que nous pousser à réfléchir intensément avant d’adhérer au principe que certaines circonstances pourraient justifier une telle attaque à la dignité inaliénable de toute personne humaine.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau