dimanche 3 février 2013

Vatican II et les religions non chrétiennes

La déclaration du concile au sujet des relations de l’Église avec les religions non chrétiennes marque une étape fondamentale dans la recherche de la compréhension mutuelle et du dialogue. C'est une ouverture tant envers les religions musulmane et juive qu’envers les religions traditionnelles et les grands courants spirituels et philosophiques qui marquent les diverses cultures.

On y pose le principe de base qui guide toute la réflexion : « Tous les peuples forment une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous.» (par. 1)

Le cœur humain est sans cesse agité par les énigmes de sa condition historique. « Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ? » (par. 1)

Toutes les religions, par divers chemins, cherchent à éclairer ces énigmes. Et les chrétiens se sentent solidaires de tous ces chercheurs de vérité et de sens. « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. » (par. 2)

La fraternité humaine ainsi reconnue exclut toute discrimination. « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu (par. 5). Ainsi est « sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent. »

Quelle est la ligne de conduite demandée aux catholiques? Il s’agit de promouvoir un amour sans frontières, sans syncrétisme ou d'indifférence, et sans  vouloir tout ramener à une uniformité. Au  lieu de développer des oppositions et des dominations, il importe d’en venir, dans un dialogue ouvert et respectueux, à connaître et comprendre les autres religions.

En 1991, le Conseil  pontifical pour le dialogue interreligieux et de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples ont publié un document cherchant à clarifier cette orientation, suite à l'expérience de dialogue de plusieurs années. On l’a intitulé: Dialogue et annonce. Réflexions et orientations concernant le dialogue interreligieux et l’annonce de l’Évangile.  En ces temps où les humains de toutes religions et races se rencontrent dans un vaste mouvement planétaire, nous sommes défiés de trouver les chemins adéquats pour contribuer à la fraternité et à la paix mondiales, dans une profonde fidélité à Jésus et à son message de salut. Le respect et la compréhension mutuelles entre les diverses religions de la terre sont des conditions indispensables pour l’établissement de la paix.
(28e texte d’une série sur Vatican)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau