Durant « le
temps des Fêtes », nous mangeons à satiété. Mais nous aimons bien aussi
donner quelques dollars dans une guignolée ou quelques denrées non
périssables pour une banque alimentaire. Par ailleurs, il existe des
politiques de destruction alimentaire. « « Environ un tiers
de la production alimentaire mondiale est indisponible en raison de pertes et
de gaspillages toujours plus étendus. Il suffirait de les éliminer pour réduire
de manière drastique le nombre des affamés », affirmait le pape le 16
octobre dernier. Ce vécu contradictoire ne répond pas à la situation réelle de notre monde où un milliard
d’êtres humains, dont un grand nombre d'enfants, souffrent et meurent de la
faim.
Le pape François a récemment lancé une campagne mondiale
contre la faim, qualifiant cette situation de scandaleuse. Il s’adressait à
la Caritas Internationalis qui
est la confédération de 164 organisations
actives dans 200 pays, dont la nôtre : Développement et Paix. Le thème de cette campagne est : « Une seule famille humaine
et de la nourriture pour tous les hommes. »
Le pape affirme : « Nous nous trouvons
face au scandale mondial d’environ un milliard de personnes qui souffrent
encore de la faim. Nous ne pouvons pas tourner le dos et faire semblant que ce
problème n’existe pas. La nourriture disponible dans le monde suffirait à
nourrir tout un chacun. » Et il spécifie que c’est une urgence de
respecter ce « droit donné à chacun par Dieu, le droit d’avoir accès à une
alimentation adéquate. »
Pour faire face à ce besoin primaire, il ne suffit
pas de partager ce qui est dans notre assiette. Il faut aussi se faire les
« promoteurs d’une authentique coopération avec les pauvres, pour qu’au travers
de leur et de notre travail ils puissent vivre une vie digne. J’invite toutes
les institutions du monde, toute l’Église et chacun de nous, comme une seule
famille humaine, à nous faire l’écho des personnes qui silencieusement
souffrent de la faim, afin que cet écho devienne un rugissement capable de
secouer le monde. »
Cette campagne est une « invitation pour nous
tous à devenir plus conscients de nos choix alimentaires, qui souvent
comprennent le gaspillage d’aliments et une mauvaise utilisation des ressources
que nous avons à disposition. C’est aussi une exhortation à arrêter de penser
que nos actions quotidiennes n’ont pas d’impact sur les vies de ceux pour qui,
proches ou lointains qu’ils soient. »
Quel défi! Comment nous y engager? Certes, en soutenant
Développement
et Paix qui œuvre dans plusieurs parties du monde. Mais aussi en ne perdant
pas les occasions de responsabiliser les élus des divers niveaux de
gouvernement pour que soient efficacement mis en place des politiques et des
lieux pour pallier à ce drame chez nous. Notre gouvernement s’était bien engagé
à éradiquer ce drame de la vie des enfants canadiens avant l’an 2000. On est
loin de cet objectif!
Jésus a dit que nous serons questionnés à ce sujet:
« J’avais faim. M’avez-vous donné à manger? » C’est une question
adressée à nos consciences, à notre Église, à notre société.
Évêque émérite de Gatineau