Dans son exhortation à vivre La joie de l’Évangile (par. 34ss), le pape François nous invite
à nous attacher vigoureusement et amoureusement au cœur même du message évangélique.
Il ne faut pas nous limiter à certains aspects secondaires, même si ce sont ces
questions qui sont priorisées dans les
médias selon certains intérêts et opinions du milieu. Il faut aller au cœur de
l’Évangile, à ce qui fait sa grandeur et son attrait.
Dans ce cœur « resplendit la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité »
(par. 36). Souvent d’ailleurs François a rappelé cette nécessité de nous
centrer sur l’amour miséricordieux et inconditionnellement généreux qui se
donne jusqu’à la croix pour que nous vivions en abondance. C’est ce qu’il faut
d’abord accueillir. C’est aussi ce qu’il faut d’abord annoncer. L’Église existe
pour révéler au monde, en actes et en paroles, ce Dieu qui n’est qu’amour et
miséricorde.
« Une pastorale en terme missionnaire n’est pas obsédée par la transmission
désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on essaie d’imposer à force
d’insister. Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui
réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se
concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant
et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour
cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus
lumineuse. » (par. 35)
Et le pape n’hésite pas à en tirer les conséquences
pour ses propres paroles, ce qu’on ne se gêne pas parfois de lui reprocher,
surtout au sujet des questions morales! Aussi explique-t-il : « Il faut dire que, dans l’annonce de
l’Évangile, il est nécessaire de garder des proportions convenables. Ceci se
reconnaît dans la fréquence avec laquelle sont mentionnés certains thèmes et
dans les accents mis dans la prédication. Par exemple, si un curé durant une
année liturgique parle dix fois sur la tempérance et seulement deux ou trois
fois sur la charité ou sur la justice, il se produit une disproportion, par
laquelle ces vertus, qui devraient être plus présentes dans la prédication et
dans la catéchèse, sont précisément obscurcies. La même chose se passe quand on
parle plus de la loi que de la grâce, plus de l’Église que de Jésus Christ,
plus du Pape que de la Parole de Dieu. » (par. 38)
Comment
une telle interpellation me rejoint-elle? Est-ce que l’Évangile fait la joie de
mon cœur? Comment et quand est présenté par moi ou autour de moi ce cœur de
l’Évangile? Est-ce que je sens, à travers ma communauté locale, ce
« parfum de l’Évangile »?
(12e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau