Le cœur du projet du pape François (voir La joie de l’Évangile par.25ss) consiste en un insistant appel à une conversion missionnaire de toute l’Église, dans toutes ses parties. On « ne peut laisser les choses comme elles sont. » Le renouveau ecclésial ne peut pas être différé! L’Église n’est pas une simple administration. Elle doit être partout « en état de mission ». Pour cela, comme Vatican II nous l’a demandé dans le Décret sur l’œcuménisme, « l’Église au cours de son pèlerinage est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a perpétuellement besoin en tant qu’institution humaine et terrestre ».
François
précise : « J’imagine un choix missionnaire capable de transformer
toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et
toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du
monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui
exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire
en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaire, que la pastorale
ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette
les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la
réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. » (par. 27)
La paroisse : elle doit se réformer et d’adapter
constamment. « Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les
familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe
séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes. » (par.
28)
Les autres institutions ecclésiales : « Communautés de base et
petites communautés, mouvements et autres formes d’associations, sont
une richesse de l’Église que l’Esprit suscite pour évangéliser tous les milieux
et secteurs. Souvent elles apportent une nouvelle ferveur évangélisatrice et
une capacité de dialogue avec le monde qui rénovent l’Église. Mais il est très
salutaire qu’elles ne perdent pas le contact avec cette réalité si riche de la
paroisse du lieu, et qu’elles s’intègrent volontiers dans la pastorale
organique de l’Église particulière. »
Chaque diocèse est invité « à entrer dans un processus
résolu de discernement, de purification et de réforme. » « Sa joie de communiquer Jésus Christ
s’exprime tant dans sa préoccupation de l’annoncer en d’autres lieux qui en ont
plus besoin, qu’en une constante sortie vers les périphéries de son propre
territoire ou vers de nouveaux milieux sociaux-culturels. »
Quant à l’évêque, « parfois il se mettra devant pour indiquer
la route et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au
milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines
circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont
restés en arrière et – surtout – parce que le troupeau lui-même possède un
odorat pour trouver de nouveaux chemins. » Il doit stimuler les organismes de participation, « avec le désir d’écouter tout le monde, et non pas
seulement quelques-uns, toujours prompts à lui faire des compliments. Mais
l’objectif de ces processus participatifs ne sera pas principalement l’organisation
ecclésiale, mais le rêve missionnaire d’arriver à tous. »
Et le pape? François ajoute : « Du moment que je
suis appelé à vivre ce que je demande aux autres, je dois aussi penser à une
conversion de la papauté. » Les structures centrales de l’Église
universelle ont aussi besoin d’écouter l’appel à une conversion pastorale. Et
pour cela, il faut revoir les statuts de conférences épiscopales et sortir d'une
centralisation excessive.
Comment
ces invitations résonnent-elles dans mon cœur? Je suis invité à changer quoi
dans ma prière, dans mes choix, mes comportements, mes attraits et refus?
(11e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau