vendredi 14 novembre 2014

Nos tabernacles

Un photographe en train de préparer une exposition de photos de divers tabernacles des paroisses environnantes m’a un jour demandé un texte pour accompagner sa présentation. Il s’agit de Monsieur Richard Perron, dont vous pouvez examiner le site Internet très riche. C’est cet écrit que je vous présente en quelques épisodes.
 
On raconte que Moïse, guidé par une foi capable de voir les œuvres cachées de Dieu dans l’obscurité de l’histoire, accomplit la libération de son peuple. Il a su percevoir « l’Invisible dans la matière ». C’est le chemin que sont appelés à suivre tous les croyants et croyantes. Depuis que le Dieu éternel et invisible s’est rendu visible à nos yeux lors de l’Incarnation de son Fils Unique dans notre chair, ce passage par les images et les symboles s’offre à qui veut apprivoiser le mystère des réalités invisibles qui œuvrent en toute vie humaine.
 

Les tabernacles font partie de ces canaux par où on pénètre la matière pour y contempler l’indicible mystère. Qu'ils meublent nos cathédrales, nos humbles églises de campagne ou encore ces chapelles rencontrées ici et là, les tabernacles sont de petites armoires destinées à conserver les ciboires contenant des hosties consacrées durant la messe. On y garde précieusement et sous clé ce qui symbolise et rend présent le « grand mystère de la foi » que l’assemblée chante après la consécration du pain et du vin.
 
Afin de stimuler ce passage incessant du visible à l’Invisible, les tabernacles sont souvent des œuvres d’art. Même les plus humbles sont décorés de symboles qui cherchent à évoquer le mystère qui se cache là, dans l’obscurité, et qui attire, questionne, rayonne. Mais comment ne pas nous demander : « Que voient donc là celles et ceux qui s’y tiennent, parfois même longuement et en silence, et que plusieurs d’entre nous ne trouvent pas? »
(1er texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau