Un photographe en train de préparer
une exposition de photos de divers tabernacles des paroisses environnantes
m’a un jour demandé un texte pour accompagner sa présentation. Il s’agit de
Monsieur Richard Perron, dont vous pouvez examiner le site Internet très riche. C’est cet écrit que je vous présente en quelques épisodes.
On raconte que Moïse, guidé par une
foi capable de voir les œuvres cachées de Dieu dans l’obscurité de l’histoire,
accomplit la libération de son peuple. Il a su percevoir « l’Invisible dans la matière ». C’est le chemin que sont appelés à suivre tous les
croyants et croyantes. Depuis que le Dieu éternel et invisible s’est rendu
visible à nos yeux lors de l’Incarnation de son Fils Unique dans notre chair,
ce passage par les images et les symboles s’offre à qui veut apprivoiser le
mystère des réalités invisibles qui œuvrent en toute vie humaine.
Les tabernacles font partie de ces
canaux par où on pénètre la matière pour y contempler l’indicible mystère.
Qu'ils meublent nos cathédrales, nos humbles églises de
campagne ou encore ces chapelles rencontrées ici et là, les tabernacles sont de
petites armoires destinées à conserver les ciboires contenant des hosties
consacrées durant la messe. On y garde précieusement et sous clé ce qui
symbolise et rend présent le « grand mystère de la foi » que
l’assemblée chante après la consécration du pain et du vin.
Afin de stimuler ce passage
incessant du visible à l’Invisible, les tabernacles sont souvent des œuvres
d’art. Même les plus humbles sont décorés de symboles qui cherchent à évoquer
le mystère qui se cache là, dans l’obscurité, et qui attire, questionne, rayonne.
Mais comment ne pas nous demander : « Que voient donc là celles et
ceux qui s’y tiennent, parfois même longuement et en silence, et que plusieurs
d’entre nous ne trouvent pas? »
(1er texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau