samedi 4 novembre 2017

L’amour n’est pas chicanier

La personne qui aime en vérité est bâtisseuse de paix, de vie harmonieuse dans le couple, la famille, la communauté. Ce qui exige de savoir contrôler ses humeurs et de garder la mesure. Car mille détails peuvent nous irriter, nous rendre acides, aiguisés, pointus. Tant de choses de la vie quotidienne avec les autres nous excitent, nous provoquent, même parfois nous exaspèrent! Sans un amour fort, la fièvre monte, une violence intérieure se déchaîne, l’animosité s’exacerbe. Ce qui peut conduire à des désastres dans la communauté, qu’elle soit petite ou grande.
 
Le pape François analyse cette attitude en notant qu’il s’agit d’une « action intérieure d’indignation provoquée par quelque chose d’extérieur. Il s’agit d’une violence interne, d’une irritation dissimulée qui nous met sur la défensive devant les autres, comme s’ils étaient des ennemis gênants qu’il faut éviter. Alimenter cette agressivité intime ne sert à rien. Cela ne fait que nous rendre malades et finit par nous isoler. L’indignation est saine lorsqu’elle nous porte à réagir devant une grave injustice, mais elle est nuisible quand elle tend à imprégner toutes nos attitudes devant les autres. » (La joie de l’amour, par. 103)
 
Sentir la force de l’agressivité qui jaillit de nos entrailles est une chose, la laisser devenir explosion de colère en est une autre. Elle devient alors une source de querelles, de chicanes, de destruction autour de nous. Il faut y reconnaître une grande tentation, contre laquelle s. Paul nous met en garde encore aujourd’hui. « Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. » (Éphésiens 4,26)
 
Aussi faut-il ne jamais terminer la journée sans faire la paix en famille. « Et comment dois-je faire la paix? Me mettre à genoux? Non! Seulement un petit geste, une petite chose et l’harmonie familiale revient. Une caresse suffit, sans [rien dire]. Mais ne jamais finir la journée sans faire la paix ». (Pape François)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(17e texte d’une série sur La joie de l’amour)