vendredi 1 février 2019

Le pélagianisme, ennemi de la sainteté

Le pape François (par. 47 ss) identifie un certain « pélagianisme » comme deuxième obstacle, même ennemi subtil pour la sanctification. Alors que le gnosticisme actuel attribue la sainteté et le salut à la connaissance, cette deuxième tendance les attribuent à la volonté, à l’effort personnel. Ce n’est plus l’intelligence qui occupe la place du mystère et de la grâce, mais la volonté. Et pour contrer cette tendance, le pape cite cette affirmation si fondamentale de s. Paul : « Il n’est pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. » (Romains 9, 16)
 
Ceux qui adoptent cette mentalité « pélagianiste » « font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique. » (par. 94) Ils manifestent ainsi une volonté sans humilité. Car, en fait, tout n’est pas possible à la volonté humaine.
 
L’absence de la reconnaissance sincère, douloureuse et priante de nos limites est ce qui empêche la grâce de mieux agir en nous. C’est placer trop de confiance en nous-mêmes et laisser peu de place à la grâce, comme s’il suffisait de recevoir de temps à autre un coup de pouce de la grâce pour nous sanctifier!
 
Et le pape François rappelle : « L’Église catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative. » (par. 52)
 
Thérèse de l’Enfant Jésus a vécu cette conviction. Ce que l’a conduite à formuler son bouleversant Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux »
 
Et cette attitude l’a conduite à aimer d’une façon héroïque, dans les petits gestes quotidiens, toutes les personnes qui l’entouraient, en particulière les personnes de tempérament ou de comportement plus difficile.
 
Voilà ce que c’est que la sainteté! Aimer d’un amour totalement abandonné et confiant l’Amour miséricordieux et aimer humblement son prochain.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(17e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

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