mercredi 3 août 2011

La fraternité

J’ai lu récemment d’ Erich Fromm (dans L’art d’aimer, DDB 2007, p. 66) un texte que je trouve inspirant sur ce thème de la fraternité. Car nous avons bien besoin d’y réfléchir. La fraternité fait partie de la devise républicaine. C’est un beau mot d’ordre pour notre vie ensemble. Mais nous en sommes si loin, à tous les niveaux de nos relations, aussi bien celles entre proches que celles au plan international. Et il me semble que Fromm apporte un aspect qui peut dynamiser nos pensées sur le sujet. Je le cite :

« De toutes les formes d’amour, la plus fondamentale, celle qui sous-tend touts les autres, c’est l’amour fraternel. J’entends par là le sens de la responsabilité, la sollicitude, le respect, la connaissance de tout être humain, et le désir de promouvoir la vie. C’est de cet amour dont parle la Bible lorsqu’elle dit : Aime ton prochain comme toi-même. L’amour fraternel s’étend à tous les êtres humains; il se caractérise par un manque absolu d’exclusivité. Dès lors que je suis devenu capable d’amour, je ne puis m’empêcher d’aimer mes frères. Dans l’amour fraternel se réalise une expérience d’union avec tous les hommes, de solidarité et d’unicité humaine. Il se fonde sur l’expérience que tous nous ne faisons qu’un. Les différences de talents, d'intelligence, de connaissances apparaissent négligeables en regard de l’identité du noyau humain qui est commun à tous les hommes ».

La Bible nous affirme que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. C’est un fondement solide pour affirmer l’égale dignité de chaque être humain, et donc le respect et l’amour fraternel dû à chacun.

C’est d’ailleurs ce que nous enseigne Jésus quand il affirme : « Mais vous êtes tous frères ». C’est aussi ce que nous montrent, au niveau de l’exemple stimulant, des personnes comme François d’Assise le petit frère universel, Charles de Foucault ou encore Mere Teresa de Calcuta.

N’est-ce pas le grand défi de notre monde en voie de mondialisation? Car seul l’amour peut détruire les barrières et les murs qui nous séparent les uns des autres. Seul l’amour fraternel peut être le chemin d’un monde de justice et de paix, dans le respect mutuel. Il faut en venir à « s’aimer les uns les autres » pour que cette devise ne reste pas un idéal sans force dynamique sur la réalité quotidienne.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau