mercredi 17 octobre 2012

Vatican II et la solidarité humaine

Dès le début du texte intitulé « L’Église dans le monde de ce temps », le concile déclare : « La communauté des chrétiens se reconnaît réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »  Et il ajoute : « C’est en effet l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler. » Le texte précise encore qu’il s’agit de l’homme considéré dans son unité et sa totalité, l’homme, corps et âme, cœur et conscience, pensée et volonté.

Tel fut le vaste programme alors dessiné en vue d’un renouveau profond de l’Église servante et pauvre dans ce monde. L’Église peuple de Dieu inséré dans l’histoire se reconnaissait comme membre à part entière de la famille humaine et responsable de son devenir selon le dessin créateur et rédempteur de Dieu qui aime ce monde. (par. 3.1)

Les membres du concile ont porté un regard pénétrant sur la condition humaine en leur temps. « Le genre humain vit aujourd’hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent peu à peu à l’ensemble du globe. Provoqués par l’homme, par son intelligence et son activité créatrice, ils rejaillissent sur l’homme lui-même, sur ses jugements, sur ses désirs, individuels et collectifs, sur ses manières de penser et d’agir, tant à l’égard des choses qu’à l’égard de ses semblables. À tel point que l’on peut déjà parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse. » (par. 4.2)

Jean XXIII avait remis en circulation l’attention aux « signes des temps ». Discutant avec des adversaires, Jésus affirmait : « Le visage du ciel vous savez l'interpréter, et pour les signes des temps vous n'en êtes pas capables! »  Les Pères conciliaires ont heureusement repris cette grille d’interprétation de notre réalité historique avec ses espoirs et ses angoisses, pour y discerner à la lumière des Évangiles ce que Dieu nous dit par ces situations et quels sont ses appels à nous y engager. Cette façon de discerner nos réalités est toujours d’une grande actualité et un trésor que le Concile a remis en circulation dans notre vie en Église.

Telle est l’attitude d’ouverture au monde, de dialogue et de discernement que le concile nous a demandé de vivre. Cette orientation reste toujours une grande force qui nous pousse à accueillir, écouter, partager les joies et les peines de notre monde, nous y engager avec la ferveur de Jésus se faisant proche de tout être humain, surtout du petit et du blessé par la vie ou par d’autres humains.
(3e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau