jeudi 25 octobre 2012

Vatican II et la communauté humaine

« Le caractère social de l’homme fait apparaître qu’il y a interdépendance entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même. En effet, la personne humaine qui, de par sa nature même a absolument besoin d’une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions. » (« L’Église dans le monde de ce temps. » par. 25.1)  Aussi, la vie en société n’est pas pour les humains quelque chose de surajouté, d’artificiel, ou même de facultatif. C’est par le dialogue avec les autres qu’une personne grandit selon toutes ses capacités et s'épanouit dans les diverses dimensions de son être.

Notre foi chrétienne nous affirme que c’est là le plan de Dieu sur nous. Nous créant à son image et selon sa ressemblance, Dieu a voulu que nous formions une même famille humaine, et donc que nous nous traitions comme des frères et sœur dans cette même humanité, sans nous laisser déchirer par des barrières de races, de continents, de langues, de cultures, de religions. L’actuelle mondialisation galopante peut nous rappeler ces vérités fondamentales de notre identité et en quelque sorte nous pousser à vivre ensemble en cherchant la paix, la solidarité et l’amour mutuel.

« Parce que les liens humains s’intensifient et s’étendent peu à peu à l’univers entier, le bien commun, c’est-à-dire cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée, prend aujourd’hui une extension de plus en plus universelle, et par suite recouvre des droits et des devoirs qui concernent tout le genre humain. Tout groupe doit tenir compte des besoins et des légitimes aspirations des autres groupes, et plus encore du bien commun de l’ensemble de la famille humaine. » (par. 26.1)

En même temps grandit dans notre humanité une conscience plus aigüe de la dignité de la personne humaine, « supérieure à toutes choses et dont les droits et les devoirs sont universels et inviolables ». Cette dignité exige que toute personne ait ce dont elle a besoin pour mener une vie vraiment humaine, « par exemple : nourriture, vêtement, habitat, droit de choisir librement son état de vie et de fonder une famille, droit à l’éducation, au travail, à la réputation, au respect, à une information convenable, droit d’agir selon la droite règle de sa conscience, droit à la sauvegarde de la vie privée et à une juste liberté, y compris en matière religieuse ». Voilà un énorme chantier dont il ne faut pas perdre de vue l’urgence vitale si nous voulons tendre vers une fraternité plus authentique et plus largement mondiale.

En somme, notre commune humanité exige la reconnaissance de la dignité de toute personne humaine et le respect de ses droits dans un cheminement sans cesse à orienter vers une justice sociale respectueuse de tous et toutes, surtout des plus petits et des marginalisés par la vie et par nos choix sociaux.

Voilà un immense chantier. On peut dire que c’est un idéal. Mais est-ce en vain qu’on proclame la fraternité mondiale? Il faut sans cesse viser à poser des jalons et à faire des pas pour y parvenir de mieux en mieux. Il ne faut pas se contenter d’y voir une utopie et ne pas prendre au sérieux cet appel, car cette mondialisation de la fraternité est une condition de la survie de notre espèce et de notre environnement.
(5e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau