lundi 23 décembre 2013

Des enfants ont faim

Durant « le temps des Fêtes », nous mangeons à satiété. Mais nous aimons bien aussi donner quelques dollars dans une guignolée ou quelques denrées non périssables pour une banque alimentaire. Par ailleurs, il existe des politiques de destruction alimentaire. « « Environ un tiers de la production alimentaire mondiale est indisponible en raison de pertes et de gaspillages toujours plus étendus. Il suffirait de les éliminer pour réduire de manière drastique le nombre des affamés », affirmait le pape le 16 octobre dernier. Ce vécu contradictoire ne répond pas à la situation réelle de notre monde où un milliard d’êtres humains, dont un grand nombre d'enfants, souffrent et meurent de la faim.
 
Le pape François a récemment lancé une campagne mondiale contre la faim, qualifiant cette situation de scandaleuse. Il s’adressait à la Caritas Internationalis qui est la confédération de 164 organisations  actives dans 200 pays, dont la nôtre : Développement et Paix. Le thème de cette campagne est : « Une seule famille humaine et de la nourriture pour tous les hommes. »
 
Le pape affirme : « Nous nous trouvons face au scandale mondial d’environ un milliard de personnes qui souffrent encore de la faim. Nous ne pouvons pas tourner le dos et faire semblant que ce problème n’existe pas. La nourriture disponible dans le monde suffirait à nourrir tout un chacun. » Et il spécifie que c’est une urgence de respecter ce « droit donné à chacun par Dieu, le droit d’avoir accès à une alimentation adéquate. »
 
Pour faire face à ce besoin primaire, il ne suffit pas de partager ce qui est dans notre assiette. Il faut aussi se faire les « promoteurs d’une authentique coopération avec les pauvres, pour qu’au travers de leur et de notre travail ils puissent vivre une vie digne. J’invite toutes les institutions du monde, toute l’Église et chacun de nous, comme une seule famille humaine, à nous faire l’écho des personnes qui silencieusement souffrent de la faim, afin que cet écho devienne un rugissement capable de secouer le monde. »
 
Cette campagne est une « invitation pour nous tous à devenir plus conscients de nos choix alimentaires, qui souvent comprennent le gaspillage d’aliments et une mauvaise utilisation des ressources que nous avons à disposition. C’est aussi une exhortation à arrêter de penser que nos actions quotidiennes n’ont pas d’impact sur les vies de ceux pour qui, proches ou lointains qu’ils soient. »
 
Quel défi! Comment nous y engager? Certes, en soutenant  Développement et Paix qui œuvre dans plusieurs parties du monde. Mais aussi en ne perdant pas les occasions de responsabiliser les élus des divers niveaux de gouvernement pour que soient efficacement mis en place des politiques et des lieux pour pallier à ce drame chez nous. Notre gouvernement s’était bien engagé à éradiquer ce drame de la vie des enfants canadiens avant l’an 2000. On est loin de cet objectif!
 
Jésus a dit que nous serons questionnés à ce sujet: « J’avais faim. M’avez-vous donné à manger? » C’est une question adressée à nos consciences, à notre Église, à notre société.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau