Dans sa Constitution dogmatique sur l’Église,
le Concile Vatican II nous a donné un beau texte sur l’alliance dans le dessein
de salut de Dieu sur le monde entier. Il s’agit du paragraphe 9.1.
Le document
formule d’abord une affirmation bouleversante, si l'on y réfléchit bien :
« À toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour
agréable quiconque le craint et pratique la justice (cf. Ac 10,
35). » Ça signifie que Dieu veut le salut de tous les humains et offre à
tous les possibilités réelles du salut éternel. Alors, les personnes qui
obéissent à cet appel de leur conscience, porté aussi parfois par leurs propres
religion ou croyances, sont agréables à Dieu.
Toutefois, le
texte, éclairé par l’histoire du salut telle que révélée dans l’ensemble de la
Bible, continue : « Cependant le bon vouloir de Dieu a été que les
hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout
lien mutuel; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité
et le servirait dans la sainteté. » Pour employer une comparaison, certes
boiteuse, disons que Dieu n’a pas voulu pêcher à la ligne, mais au filet!
Et l'on montre
tout de suite ce que ça signifie historiquement : « C’est
pourquoi il s’est choisi Israël pour être son peuple avec qui il a fait
alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son
dessein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. »
Le Concile réfère aux récits bibliques que j’ai déjà longuement cités dans mes
textes antérieurs.
Et il situe ces
multiples alliances avec les Pères et Mères dans la foi dans une dynamique
universelle : « Tout cela cependant n’était que pour préparer et
figurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et
la révélation plus totale qui serait transmise par le Verbe de Dieu lui-même,
fait chair. “Voici venir les jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la
maison d’Israël et la maison de Juda une Alliance Nouvelle... Je mettrai ma foi
au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu
et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus
grand, dit le Seigneur» (Jr 31, 31-34). Cette alliance nouvelle, le
Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf. 1 Co 11,
25), il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils,
pour former un tout selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau
Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui sont “re-nés» non
d’un germe corruptible mais du germe incorruptible qui est la parole du Dieu
vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau et de
l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là constituent finalement “une race
élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis,
ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de Dieu”
(1 P 2, 9-10). »
Le Concile a
ainsi relancé dans l’Église contemporaine cette compréhension de l’histoire du
salut, toujours actuelle, toujours en marche dans l’Église et dans le monde.
C’est une alliance d’amour entre Dieu et toutes ses créatures, dans laquelle
nous sommes impliqués comme artisans et responsables.
(Dernier
texte de la série sur l’Alliance)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau