C’est
l’interpellation que le pape François a lancée à toute l’humanité lors de sa rencontre en Bolivie avec les mouvements populaires.
« La
maison commune de nous tous est pillée, dévastée, bafouée impunément. La
lâcheté dans sa défense est un péché grave. » Voilà une affirmation que
nous devons prendre au sérieux. Sont en jeu des valeurs éthiques, morales, qui
concernent nos consciences. Il y a là « un impératif éthique, clair,
définitif et urgent, d’agir. » On ne peut laisser continuer à détruire la
création. « Les peuples et leurs mouvements sont appelés à interpeler, à
se mobiliser, à exiger — pacifiquement mais avec ténacité — l'adoption urgente
de mesures appropriées. Je vous demande, au nom de Dieu, de défendre la Mère
Terre. »
Terre,
toit, travail (les 3 T) sont des droits sacrés. C’est donc un devoir de
lutter pour que ces droits soient respectés et promus. Le pape demande qu’on
reconnaisse « que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a
tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs
sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité. »
Il
nous demande aussi de reconnaître que les choses ne vont pas bien quand
éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même
de nos quartiers; ou encore quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la
création sont sous une permanente menace.
« Pour
finir, je voudrais vous dire de nouveau : l'avenir de l'humanité n'est pas
uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des
élites. Il est fondamentalement entre les mains des peuples; dans leur capacité
à s’organiser et aussi entre vos mains qui arrosent avec humilité et conviction
ce processus de changement. Je vous accompagne. Et que chacun d’entre nous
répète de tout cœur : aucune famille sans logement, aucun paysan sans
terre, aucun travailleur sans droits, aucun peuple sans souveraineté,
aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun jeune sans
possibilités, aucun vieillard sans une vieillesse vénérable. Continuez votre
lutte et, s'il vous plaît, prenez grand soin de la Mère la Terre. »
Cette
intervention vigoureuse devant les mouvements communautaires de Bolivie et du
monde fait résonner un percutant écho de l’encyclique « sur la sauvegarde
de la maison commune » et aussi de tant d’autres interventions du pape
François.
Prenons-nous
ces paroles et surtout ses gestes au sérieux? Ce sont nos consciences qui sont interpellées.
(26e
texte et dernier de la série sur l'encyclique du pape François)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau