dimanche 6 mars 2016

Le corrompu et le pécheur

Le pape François a publié récemment un livre au titre émouvant et lumineux : Le nom de Dieu est miséricorde. Dans cet écrit, fruit d’une conversation avec le vaticaniste Andréa Tornielli, le pape élabore, avec de multiples exemples, l’enseignement qu’il répète depuis le début de son pontificat et qu’il cristallise dans la promulgation d’une année sainte de la miséricorde.
 
J’ai été particulièrement touché par les pages (97ss.) où le pape François affirme la dimension sociale et publique de la miséricorde. Il y explique la différence entre le pécheur et le corrompu. Cette doctrine est d’une grande actualité. Il suffit de penser aux révélations de la commission Charbonneau!
 
« La corruption est le péché qui, au lieu d’être reconnu en tant que tel et de nous rendre humbles, est érigé en système, devient une habitude mentale, une manière de vivre », affirme le pape François. Le pécheur reconnaît ses faiblesses et avec humilité demande pardon. « Le corrompu, en revanche, est celui qui pèche et ne s’en repent pas, celui qui pèche et feint d’être chrétien. Sa vie est scandaleuse ».
 
« Le corrompu ignore l’humilité, ne considère pas qu’il a besoin d’aide, et mène une double vie. » En se reconnaissant tel, le pécheur « reconnaît que ce à quoi il a adhéré, ou adhère, est erroné. Alors que le corrompu, lui, cache ce qu’il considère comme son véritable trésor, ce qui le rend esclave, et il masque son vice sous un vernis de bonne éducation, faisant toujours en sorte de sauver les apparences. »
 
C’est un livre à lire et méditer!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau