lundi 10 octobre 2016

Le disciple de Jésus sort de son confort

Notre pape François sort beaucoup. Il va vers les personnes les plus blessées dans leur dignité, et même leur vie. Il va vers les lieux de désespoir tels que les prisons, les refuges pour sans-logis ou sans-patrie, les résidences pour vieillards ou malades chroniques de toutes sortes, etc. Et il rappelle à tous qu’être disciple de Jésus, c’est sortir de sa zone de confort.
 
« Dans la Parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de “la sortie” que Dieu veut provoquer chez les croyants. Abraham accepta l’appel à partir vers une terre nouvelle (cf. Gn 12,1-3). Moïse écouta l’appel de Dieu : “Va, je t’envoie” (Ex 3,10) et fit sortir le peuple vers la terre promise (cf. Ex 3, 17). À Jérémie il dit : “Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras» (Jr 1, 7). »
 
Le pape nous demande d’accueillir cette impulsion de la Parole dans notre vie : « Aujourd’hui, dans cet “allez” de Jésus, sont présents les scénarios et les défis toujours nouveaux de la mission évangélisatrice de l’Église, et nous sommes tous appelés à cette nouvelle “sortie” missionnaire. Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. »  (E. G. 20)
 
Cette parole d’envoi a été prononcée sur moi à mon baptême, à ma confirmation, à mon ordination diaconale, puis presbytérale, puis épiscopale. J’ai cherché à y obéir. Mais maintenant que je suis à la retraite, que signifie-t-elle pour moi? Elle m’appelle surtout à sortir de mon égoïsme, de mes peurs et de vivre l’ouverture de cœur dans le milieu où je vis. J’ai à sans cesse chercher ce que signifie ce défi évangélique dans ma vie? Je ne dois surtout pas oublier que c’est là l’attitude qui ouvrira mon cœur à la joie promise et donnée par Jésus.
 
« La joie de l’Évangile qui remplit la vie de la communauté des disciples est une joie missionnaire. Les soixante-dix disciples en font l’expérience, eux qui reviennent de la mission pleins de joie (cf. Lc 10, 17). Jésus la vit, lui qui exulte de joie dans l’Esprit Saint et loue le Père parce que sa révélation rejoint les pauvres et les plus petits (cf. Lc 10, 21). Les premiers qui se convertissent la ressentent, remplis d’admiration, en écoutant la prédication des Apôtres “chacun dans sa propre langue” (Ac 2, 6) à la Pentecôte. Cette joie est un signe que l’Évangile a été annoncé et donne du fruit. Mais elle a toujours la dynamique de l’exode et du don, du fait de sortir de soi, de marcher et de semer toujours de nouveau, toujours plus loin. Le Seigneur dit : “Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti” (Mc 1, 38). Quand la semence a été semée en un lieu, il ne s’attarde pas là pour expliquer davantage ou pour faire d’autres signes, au contraire l’Esprit le conduit à partir vers d’autres villages. » (E.G. 21)
 
Ce qui importe, c’est de faire confiance à la Parole évangélique, à Jésus vivant et agissant par sa Parole aujourd’hui. « L’Évangile parle d’une semence qui, une fois semée, croît d’elle-même, y compris quand l’agriculteur dort (cf. Mc 4, 26-29). L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas. » (E.G. 22) Comme je me réjouis quand je vois la Parole produire des fruits inattendus, sur des terrains qui semblaient peu propices!
 
« L’intimité de l’Église avec Jésus est une intimité itinérante. […] Fidèle au modèle du maître, il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu. » (E.G. 23)
 
Pour vivre cette « sortie » de moi-même, il faut que je m’attache à Jésus, que j’entretienne chaque jour une intimité confiante avec celui qui m’a un jour appelé à être son ami. Ce n’est qu’avec lui que mes « sorties » seront fructueuses. Sans son Esprit, je ne saurai pas discerner quelles sont ces zones de confort que je dois délaisser pour vivre l’aventure évangélique avec celui qui m’en montre le chemin!
 
(10e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau