Le disciple-missionnaire ne se noie pas dans une multitude
d’aspects qu’il peut trouver en lisant l’Écriture sainte. Il ne se laisse pas
fasciner par des aspects secondaires du message de Jésus. Il concentre son
attention, sa vie, son témoignage, son message sur « le cœur essentiel de
l’Évangile qui lui confère sens, beauté et attrait. » (EG 34)
Ce principe vaut d’abord pour le développement de ma propre
vie spirituelle. Je dois m’y concentrer sur Jésus mort et ressuscité nous
guidant par son Esprit. Il est le chemin vers le Père, le chemin vers mon prochain, surtout vers ce prochain que je peux craindre à cause de ses
blessures de toutes sortes.
Celui que sainte Marie de l’Incarnation appelle « Le
suradorable Verbe incarné », Jésus vrai Dieu et vrai homme, dans le
mystère du don de sa vie doit être le centre de ma vie de disciple. C’est à
partir de ce cœur de ma vie que je pourrai devenir un disciple-missionnaire
crédible.
Le pape François explique bien cette réalité :
« Une pastorale en terme missionnaire n’est pas obsédée par la
transmission désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on essaie d’imposer à
force d’insister. Quand on assume un objectif pastoral et un style
missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions,
l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand,
plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie,
sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante
et plus lumineuse. » (EG 35)
Quel est donc ce cœur de l’Évangile, que je dois toujours
garder dans mon cœur pour en témoigner avec vérité et conviction? Quel trésor
contient-il, cache-t-il, que je dois découvrir pour pouvoir l’offrir aux
autres? « Dans ce cœur fondamental [de l’Évangile] resplendit la beauté de
l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité. »
(EG 36)
« L’Évangile invite avant tout à répondre au Dieu qui
nous aime et qui nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de
nous-mêmes pour chercher le bien de tous. […] Si cette invitation ne resplendit
pas avec force et attrait, l’édifice moral de l’Église court le risque de
devenir un château de cartes, et là se trouve notre pire danger. Car alors ce
ne sera pas vraiment l’Évangile qu’on annonce, mais quelques accents doctrinaux
ou moraux qui procèdent d’options idéologiques déterminées. Le message courra
le risque de perdre sa fraîcheur et de ne plus avoir “le parfum de l’Évangile”. »
(EG 39)
Être disciple-missionnaire, c’est me tenir devant le cœur
ouvert de Jésus en croix, en percevoir sa tendresse, ma miséricorde, en être
bouleversé dans mes entrailles et témoigner de cet amour. « Dieu, en
effet, a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tout
homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a
pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde
soit sauvé par lui. » (Jn 3,16-17)
Être disciple-missionnaire, c’est montrer par ma vie la
vérité de cet amour fou encore en action dans notre monde.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau