Avant d’entrer dans la lecture du commentaire des béatitudes
fait par le pape François (par. 65ss.), prenons conscience que ces divines paroles vont
à contrecourant de ce qui se fait dans la société. Le monde nous conduit vers
un autre style de vie. Les béatitudes ne sont pas des vérités légères ou
superficielles, mais de sérieux appels à la conversion. « Nous ne pouvons
les vivre que si l’Esprit Saint nous envahit avec toute sa puissance et nous
libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil. »
Ces paroles évangéliques sont à écouter avec respect et
amour. Il faut permettre à Jésus de nous provoquer, de nous interpeller en vue
d’un changement réel de vie.
« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des
cieux est à eux. ».
Qu’est-ce qui me donne le sentiment de sécurité? « En
général, le riche se sent en sécurité avec ses richesses, et il croit que
lorsqu’elles sont menacées, tout le sens de sa vie sur terre s’effondre. »
C’est une attitude insensée, folle! Les richesses ne nous garantissent rien! Le
disciple de Jésus fait comme son maître : mettre sa sécurité en Dieu le
Père qui l’aime et veille avec bienveillance et bonne providence sur lui.
« Qui plus est, quand le cœur se sent riche, il est
tellement satisfait de lui-même qu’il n’y a plus de place pour la Parole de
Dieu, pour aimer les frères ni pour jouir des choses les plus importantes de la
vie. Il se prive ainsi de plus grands biens. »
C’est à cette pauvreté du cœur que pense s. Ignace de Loyola
quand il enseigne « la sainte indifférence », de telle manière que « nous ne voulions pas, pour notre part, davantage
la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté, l’honneur que le
déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite pour tout le reste. »
« Heureux les pauvres de cœur! » Il s’agit d’une
« disposition de l’âme faite d’une disponibilité totale à Dieu parce
qu’elle vient d’une humble conviction de sa misère spirituelle. […] Le pauvre a
mis tout son espoir dans le Seigneur. Être pauvre, c’est être avide de
recueillir ce que Dieu dispense quand on se fait capacité d’accueil. »
Cette pauvreté d’esprit, de cœur, va me conduire à être
pauvre tout court et à aider ceux et celles qui concrètement sont dans le
besoin. C’est ce qu’enseigne Jésus dans Luc 6, 20. Le pape (par. 70) rappelle que c’est là une invitation à suivre notre
Seigneur et Maître dans sa vie austère et dépouillée pour partager la vie des
pauvres, « et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, “s’est
fait pauvre” (2 Corinthiens 8,9). »
Évêque émérite de Gatineau
(20e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
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