Heureux les doux, car ils possèderont la terre. » (Matthieu 5, 5)
« C’est une expression forte, dans ce monde qui depuis
le commencement est un lieu d’inimitié, où l’on se dispute partout, où, de tous
côtés, il y a de la haine, où constamment nous classons les autres en fonction
de leurs idées, de leurs mœurs, voire de leur manière de parler ou de
s’habiller. » (Pape François) (par. 71) Notre monde prône un style de violence,
de vanité et d’orgueil. Au contraire, Jésus interpelle : « Mettez-vous
à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour
vos âmes. » (Matthieu 11, 29)
Ces paroles divines ne sont pas qu’une très haute leçon de
vie morale. Elles dessinent l’autoportrait de Jésus. Ce sont « la personne
et la vie du Christ qui font que ces béatitudes et tout le discours sur la
montagne sont quelque chose de plus qu'une splendide utopie éthique; elles en
font une réalisation historique dans laquelle chacun peut puiser sa force pour
atteindre cette communion mystique qui le liera à la personne du Sauveur. Il ne
s'agit pas uniquement de devoirs, mais de grâce. » (Cantalamessa)
Jésus, par toute sa vie et par sa mort, nous révèle un style
de vie, celle des enfants de Dieu. Il est caractérisé par la douceur. Ce mot
(douceur) contient beaucoup de
richesses. Pour les scruter, il faut d’une part faire le rapprochement entre
les mots douceur et humilité; et d’autre part mettre en avant les dispositions
intérieures d'où jaillira ce style de vie dans nos relations avec le
prochain : affabilité, gentillesse. « Il s’agit de ces mêmes traits
que l'Apôtre met en lumière lorsqu'il parle de charité : “La charité est
longanime ; la charité est serviable; elle n'est pas envieuse; la charité
ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas; elle ne fait rien d'inconvenant, ne
cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas...” (1 Corinthiens 13, 4-5). »
(Cantalamessa)
Paul mentionne ailleurs la douceur parmi les fruits de
l’Esprit Saint (cf. Galates 5,23). Pierre pour sa part nous rappelle qu’il importe bien sûr de défendre
sa foi et ses convictions, mais il faut le faire « avec douceur. » (1 Pierre 3, 16)
« La douceur est une autre expression de la pauvreté
intérieure de celui qui place sa confiance seulement en Dieu. […] Les doux,
indépendamment des circonstances, espèrent dans le Seigneur. » (Pape François, par. 74)
Évêque émérite de Gatineau
(21e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
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