« Heureux les affligés, car ils
seront consolés »
Le pape François (par. 75-76) commente cette
béatitude en montrant d’emblée qu’elle est en flagrante contradiction avec le
style de jugement et de vie de notre monde. « Le monde nous propose le
contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et
il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie. L’homme mondain ignore,
détourne le regard quand il y a des problèmes de maladie ou de souffrance dans
sa famille ou autour de lui. Le monde ne veut pas pleurer : il préfère
ignorer les situations douloureuses, les dissimuler, les cacher. Il s’ingénie à
fuir les situations où il y a de la souffrance, croyant qu’il est possible de
masquer la réalité, où la croix ne peut jamais, jamais manquer. »
Dieu est tendre et comme atteint par les
larmes des siens. C’est ce que montre l’histoire du roi Ézékias (Isaïe 38, 1ss) devant sa mort. Il
fondit en larmes et pria Dieu de le sauver. Par le prophète, Dieu lui manifeste
que ses larmes l’ont ému et il le guérit. Ailleurs, il est affirmé que les
larmes des veuves coulent sur les joues de Dieu! (cf Ben Sirac 35, 18)
Jésus nous montre le même chemin de la
compassion et des larmes devant les afflictions diverses de notre monde. Il est
bouleversé dans ses entrailles devant les larmes et la détresse de la veuve qui
va enterrer son fils unique (Luc 7,11ss). Devant les larmes de Marie, la sœur de Lazare mort et mis au
tombeau, « Jésus se mit à pleurer. » (Jean, 11, 29)
Paul reconnaît devoir pleurer sur les
pécheurs, « sur bien des gens qui ont été autrefois dans le péché et qui
ne se sont pas repentis de l’impureté, de l’inconduite et de la débauche qu’ils
ont pratiquées. » (2 Corinthiens 12,21) Et par ailleurs, il exhorte ses jeunes chrétiens : « Pleurez
avec ceux qui pleurent. » (Romains 12, 15)
Le pape François commente pour nous
aujourd’hui : « La personne qui voit les choses comme elles sont
réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur.
[…] Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par
celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des
autres et elle cesse de fuir les situations douloureuses. De cette manière,
elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en
comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. Cette personne
sent que l’autre est la chair de sa chair, elle ne craint pas de s’en approcher
jusqu’à toucher sa blessure, elle compatit jusqu’à se rendre compte que les
distances ont été supprimées. »
Évêque émérite de Gatineau
(22e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
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