dimanche 11 septembre 2011

Impacts du 11 septembre 2001 sur les catholiques?

C’est une question  très complexe. Au plan régional, les croyantes et croyants d'ici ont vécu les mêmes chocs et effets que les autres partout en Amérique du Nord : peur, suspicions, contrôles resserrés, cœurs déchirés entre la vengeance et le pardon, entre le désir de paix et la nécessité de justice. Nous sommes hantés par la sécurité.

À ma connaissance, quelques catholiques se sont approchés de la communauté musulmane de Gatineau pour limiter la marginalisation de cette communauté et la peur mutuelle. Il en est résulté quelques contacts ouverts et chaleureux. Ainsi, j’ai  été invité, suite à des contacts réguliers entre un prêtre et quelques musulmans,  à participer à un repas de clôture du jeûne d’une journée du Ramadan. J’ai apprécié ce contact qui m’a permis de causer avec un imam local et de comprendre un peu mieux ce que les musulmans vivent parmi nous.

Je note aussi que la municipalité de Gatineau travaille par divers chemins et avec beaucoup de citoyens et citoyennes à développer un climat de compréhension entre les gens de diverses religions, cultures et origines. J’ai reçu les témoignages de personnes affirmant que dans leurs milieux de travail, il y a accueil et coopération sereine. Il est bon de s’engager dans de tels efforts de compréhension mutuelle et de respect.

Au plan international, la réaction très forte, même qualifiée de « croisade »,  de l’Ouest, suite à ces attaques du 11 septembre a causé de grandes souffrances à beaucoup des chrétiens dans plusieurs pays du proche Orient. Je pense à la situation si douloureuse des chrétiens en Irak, en Terre Sainte. C’est un immense exode qui risque de vider de tout chrétien le pays où Jésus a vécu.

Quoi  faire? Certains groupes ne croient pas au dialogue interreligieux comme instrument de paix. D’autres petits groupes s’y engagent. Moi je pense que de tels événements révèlent la nécessité vitale que les grandes religions du monde travaillent ensemble pour assurer la paix sur notre planète, dans le respect mutuel et la reconnaissance de la dignité de chaque être humain. Il est faux d’affirmer que toute religion est source de conflit (je vous invite à lire l’article « La foi peut contribuer à la paix, plaide le dalaï-lama » dans Le Droit du 8 septembre 2011). Il y a certes des extrémistes dans tous les camps. Mais il y a aussi dans tous les camps des personnes qui  veulent le dialogue et sont contre le terrorisme, quel qu’il soit. Le défi est de provoquer des lieux de rencontre, de dialogue et d’engagements ensemble pour lutter contre les causes de tant d’ignorance mutuelle et même de méfiance et de haine.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau