Le regard biblique sur notre planète et tout ce que
nous découvrons de plus en plus dans ses environs et jusqu’aux confins que scrutent
toujours plus profondément nos puissants télescopes nous étonnent. Nous jettent
aussi dans l’admiration ce que nos yeux, et puis nos microscopes nous dévoilent
de ce monde que nous risquons de banaliser, mais qui est tellement merveilleux.
Ce regard ébloui sur notre univers n’est pas
nouveau. Un magnifique psaume le célèbre: « Alleluia! Rendez grâce au
Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour! Rendez grâce au Dieu des
dieux, car éternel est son amour! Rendez
grâce au Seigneur des seigneurs, car éternel est son amour! Lui seul a fait des
merveilles, car éternel est son amour! Il fit les cieux avec sagesse, car
éternel est son amour! Il affermit la terre sur les eaux, car éternel est son
amour! Il a fait les grands luminaires, car éternel est son amour! Le soleil
pour gouverner sur le jour, car éternel est son amour! La lune et les étoiles pour gouverner sur la
nuit, car éternel est son amour! » (Psaume 136, versets 1 à 9).
L’hiver se termine et disparaissent ses fragiles, mais
si belles dentelles de frimas, ses sculptures façonnées par les grands vents,
ses douceurs des merveilleuses nuits étoilées. Le printemps nous éblouit par sa
fécondité, sa générosité, sa soudaineté. Tout semble ressusciter. La chaleur
d’un soleil retrouvé, un peu de pluie et les oiseaux reviennent, les fleurs
apparaissent, les promesses de l’été sont déjà là, nous en devinons les fruits
de l’automne.
Exerçons notre œil à voir la source de toutes ces
éblouissantes fécondités. « Éternel est son amour ». Dieu s’y révèle fertilité sans bornes,
tendresse débordante, générosité qui ne se satisfait jamais de ce qui est déjà
donné, beauté qui touche nos sens et nos cœurs, bonté et tendresse traduites
par ce vent doux, la pluie qui apporte espérances et joie. Oui « À toute chair il donne le
pain, car éternel est son amour! Rendez grâce au Dieu du ciel, car éternel est
son amour! » (Versets 25-26)
Et nous, que faisons-nous de cette terre, de ce don
qui nous est confié pour qu’il soit transmis en héritage aux générations à
venir? La transformons-nous en richesses à exploiter et accaparer sans égard
pour ce qui viendra après? Que faisons-nous de toutes ces nourritures
généreusement données? N’y voyons-nous que biens à exploiter au détriment des personnes
qui déjà meurent de faim par millions alors que nous gaspillons tellement? Prenons-nous
soin de l’héritage qui nous est confié comme à de bons gérants qui doivent
rendre compte de leur administration devant l’histoire et devant Dieu? Ce sont
des gouttes d’eau qui finalement alimentent les océans. Ce sont de petits
gestes à notre portée qui changeront notre gaspillage en souci de la fraternité
mondiale et de la vie si copieusement donnée.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau