Les analystes de
notre société parlent de la « révolution de l’ère numérique ». Ils
évaluent que c’est là un phénomène qui nous touche toutes et tous en
profondeur, habituellement sans que nous
en ayons une claire conscience. Car ces médias sont partout, façonnant
même les personnes qui ne sont pas
« branchées ».
Le pape Benoît XVI
me semble avoir bien formulé certaines dimensions de ce phénomène au début de
son message du 5 mai 2011 pour la 45ième Journée mondiale des
communications sociales. Son analyse me stimule à réfléchir plus sur ce que ce
phénomène provoque en moi, dans mon milieu, dans notre société et dans notre
Église, en somme sur toute notre planète. En voici quelques lignes qui
décrivent à quelle profondeur nous sommes touchés par cette révolution.
« La conviction est toujours plus répandue que, comme la révolution
industrielle produisit un profond changement dans la société à travers les
nouveautés introduites dans le cycle de production et dans la vie des
travailleurs, ainsi, aujourd'hui, la profonde transformation en acte dans le
champ des communications guide le flux de grands changements culturels et
sociaux. Les nouvelles technologies ne changent pas seulement le mode de
communiquer, mais la communication en elle-même. On peut donc affirmer qu'on
assiste à une vaste transformation culturelle. Avec un tel système de diffusion
des informations et des connaissances, naît une nouvelle façon d'apprendre et
de penser, avec de nouvelles opportunités inédites d'établir des relations et
de construire la communion. »
Puis le pape ajoute une évocation du but de tels moyens de
communication : « Comme tout autre fruit de l’ingéniosité
humaine, les nouvelles technologies de la communication doivent être mises au
service du bien intégral de la personne et de l'humanité entière. Sagement
employées, elles peuvent contribuer à satisfaire le désir de sens, de vérité et
d'unité qui reste l'aspiration la plus profonde de l'être humain. […]
Cette dynamique a contribué à une appréciation renouvelée de la communication,
considérée avant tout comme dialogue, échange, solidarité et création de
relations positives. »
Ces technologies sont une autre merveilleuse création du génie humain,
sans cesse à la recherche de l’actualisation de ses immenses potentialités de
renouvellement de notre vie personnelle, sociale et même planétaire. Certes,
les risques de dérapage ne manquent pas! Et le Pape en nomme
quelques-uns : « la partialité de l'interaction, la tendance à
communiquer seulement quelques aspects de son monde intérieur, le risque de
tomber dans une sorte de construction de l'image de soi qui peut conduire à
l’auto complaisance. » Ces canaux
offrant une communication de plus en plus personnalisée et ouverte à la
rétroaction posent en fait la question de notre désir de l’authenticité de
notre être et de la vérité de notre ouverture aux autres. C’est un beau défi
qui peut provoquer une expression positive et constructive de notre dynamisme
humaine profond.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau