mercredi 16 mai 2012

À la retraite!

Plusieurs se demandent et me demandent ce que peut bien faire un évêque à la retraite. La réponse la plus vraie est de vous raconter brièvement ce que je fais de ce temps qui m’est accordé depuis le 1er décembre 2011.

Je me suis rappelé récemment le commentaire du philosophe Jacques Maritain sur le travail et le loisir : «Le travail humain n’a pas sa fin en lui-même, il est pour le repos, le loisir actif, celui de la culture de l’esprit et du cœur, de la joie de connaître, des délectations spirituelles offertes par l’art et la beauté, et des enthousiasmes généreux dont se nourrissent l’amour désintéressé, la compassion et la communion, le zèle de la justice, le dévouement à la cité et à la famille humaine ».

Le jour où le travail ne nous accapare plus, le repos, le loisir actif, le goût du service gratuit peuvent se développer. C’est ce que j'expérimente en ces premiers mois dans cette nouvelle vie.

Au début de ma retraite, je pensais bien avoir beaucoup de temps pour me reposer. Mais on m’a vite sollicité pour rédiger un texte assez long, qui fera partie d’un volume à paraître à l'automne. Comme je n’ai pas encore appris à dire « non » et à sélectionner mes engagements, celui-ci a pris deux mois et demi de mon temps.

Puis j’ai été sollicité à assurer une présence bénévole à l’Université St-Paul, à titre de « pasteur en résidence ». J’y ai commencé à la mi-février. Mais la fin des cours approchait, ce qui a accaparé les gens. Je n’ai donc pas encore expérimenté ce que cette présence signifiera. Je verrai mieux à l’automne.

À chaque fin de semaine, je suis demandé pour aller dans une paroisse où l’autre pour y rendre service. Ces engagements dans des communautés priantes me plaisent. J’y retrouve des personnes connues. De plus, à chaque matin sur semaine je célèbre la messe dans notre petite chapelle avec plusieurs personnes, ce qui entretient ma vie de prière.

Le temps de la retraite peut être un temps de « retrait » : un temps où on s’adonne plus intensément à la prière. Je m’y exerce même si c’est parfois difficile, après une vie aussi active, de me concentrer dans des moments de silence et de consécration à ce Dieu à la fois si mystérieux et si proche. La Parole de Dieu donnée généreusement à chaque liturgie quotidienne m’y est d’un précieux secours et stimulant.

Je vis dans une maison où il y a beaucoup d’appartements. C’est donc un  lieu qui permet et même provoque de multiples rencontres. Écouter, consoler, encourager, soutenir, aider par mille petits gestes : voilà une bonne partie de ma vie quotidienne. Et puis quelques personnes amies me permettent diverses rencontres gratuites, amicales, pour d’humbles mais fraternelles fêtes.

Et je peux enfin assouvir un peu ma soif de mieux connaître la Bible. J’en profite donc pour lire de gros commentaires. De ce temps-ci, je suis dans un commentaire de l’évangéliste Jean. Je me prépare ainsi en même temps pour des retraites que je prêcherai dans certaines communautés religieuses dans les prochains mois.

En somme, à la retraite, la vie est variée pour moi. Non, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer, sauf parfois certains soirs que je trouve un peu long car je ne suis pas un adepte de la télévision. Mais c’est rare!

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau