Dans La joie de l’Évangile (par. 275ss.), le pape François commente diverses attitudes négatives
vécues en Église : pessimisme, fatalisme, méfiance. Certaines personnes ne
se donnent pas à la mission parce qu’elles croient que rien ne peut changer. «Cette
attitude est précisément une mauvaise excuse pour rester enfermés dans le
confort, la paresse, la tristesse de l’insatisfaction, le vide égoïste. »
Les premiers disciples allèrent
prêcher, « le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole » (Mc16, 20). Cela s’accomplit aussi de nos jours. Le Christ ressuscité nous
invite à le connaître, à vivre avec lui. Il est « la source profonde de
notre espérance, et son aide ne nous manquera pas dans l’accomplissement de la
mission qu’il nous confie. (…) Sa résurrection n’est pas un fait relevant
du passé; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble
être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une
force sans égale. » Notre défi est d’y croire de tout notre cœur.
La foi signifie croire en Jésus,
croire, qu’il est vivant, qu’il nous aime vraiment, qu’il ne nous abandonne
pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie, qu’il
marche victorieux avec nous dans l’histoire. « La résurrection du Christ produit
partout les germes de ce monde nouveau; et même s’ils venaient à être taillés,
ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la
trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne
restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante ! »
« La mission n’est pas un
commerce ni un projet d’entreprise, pas plus qu’une organisation humanitaire,
ni un spectacle pour raconter combien de personnes se sont engagées grâce à
notre propagande; elle est quelque chose de beaucoup plus profond, qui échappe
à toute mesure. (…) L’Esprit Saint agit comme il veut, quand il veut et où il
veut; nous nous dépensons sans prétendre, cependant, voir des résultats
visibles. Nous savons seulement que notre don de soi est nécessaire. Apprenons
à nous reposer dans la tendresse des bras du Père, au cœur de notre dévouement
créatif et généreux. Avançons, engageons-nous à fond, mais laissons-le rendre
féconds nos efforts comme bon lui semble. »
Cette attitude demande une
confiance ferme en l’Esprit Saint, à alimenter dans la prière. « Il est
vrai que cette confiance en l’invisible peut nous donner le vertige :
c’est comme se plonger dans une mer où nous ne savons pas ce que nous allons
rencontrer. Moi-même j’en ai fait l’expérience plusieurs fois. Toutefois, il
n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en
renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de
nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il
veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque
instant.»
Est-ce que j’entretiens par la
prière la certitude de l’action de Jésus Ressuscité et de son Esprit dans ma
vie et dans mon engagement dans l’Église et dans le monde?
(45e
texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau