Le pape
François nous étonne toujours par ses audacieuses initiatives pour se faire
proche de tous, surtout des pauvres de toutes catégories. Dans La joie de l’Évangile (par. 268ss),
il explicite les raisons évangéliques de ce style apostolique. Pour être
d’authentiques évangélisateurs, il faut développer « le goût spirituel
d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de
joie supérieure. » Car en regardant Jésus en Croix, « nous
redécouvrons qu’il veut se servir de nous pour devenir toujours plus proche de
son peuple aimé. »
L’Évangile nous montre Jésus
proche de tous. « Quand il parlait avec une personne, il la regardait dans
les yeux avec une attention profonde pleine d’amour : “Jésus fixa sur lui
son regard et l’aima” (Mc 10, 21). Nous le voyons accessible, quand
il s’approche de l’aveugle au bord du chemin (cf. Mc 10, 46-52), et
quand il mange et boit avec les pécheurs (cf. Mc 2, 16), sans se
préoccuper d’être traité de glouton et d’ivrogne (cf. Mt 11, 19).
Nous le voyons disponible quand il laisse une prostituée lui oindre les pieds
(cf. Lc 7, 36-50) ou quand il accueille de nuit Nicodème (cf. Jn 3,1-15). Le don de Jésus sur la croix n’est autre que le sommet de ce style
qui a marqué toute sa vie. »
François nous invite à nous
laisser séduire par ces exemples. Jésus veut que nous touchions la misère
humaine, la chair souffrante des autres, que nous entrions en contact avec
l’existence concrète des autres et que nous connaissions « la force de la tendresse.»
Alors, « nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager
la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et
spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont
joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction
d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. »
L’œuvre d’évangélisation enrichit
alors l’esprit et le cœur, « nous ouvre des horizons spirituels, nous rend
plus sensibles pour reconnaître l’action de l’Esprit, nous fait sortir de nos
schémas spirituels limités. En même temps, un missionnaire pleinement dévoué
expérimente dans son travail le plaisir d’être une source, qui déborde et
rafraîchit les autres. (…) Personne ne vit mieux en fuyant les autres, en
se cachant, en refusant de compatir et de donner, en s’enfermant dans le
confort. Ce n’est rien d’autre qu’un lent suicide. »
« Brisons les murs, pour que
notre cœur se remplisse de visages et de noms! »
Est-ce là un programme que je
veux et peux mettre en application? Quel est le pas que je suis appelé à faire aujourd’hui
en ce sens?
(44e
texte d’une série sur la joie)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau