Pour devenir une sainte, un saint, il faut se laisser guider
par les saintes « maximes de l’Évangile » (Ste Marie de l’Incarnation) et par les actes de Jésus. Parmi ces divines Paroles,
retenons celle qui formule le critère fondamental pour évaluer la qualité de nos vies chrétiennes : « J’avais faim, et vous
m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un
étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais
malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à
moi! » (Matthieu 25, 35-36)
Il y a bien des façons d’enlever à ces divines paroles leur
mordant, de les rendre inoffensives, inefficaces! Il en est ainsi quand on
sépare les exigences d’engagement évangéliques et l’union intérieure avec
Jésus. Chez François d’Assise ou Teresa de Calcutta par exemple, « ni la
prière, ni l’amour de Dieu, ni la lecture de l’Évangile n’ont diminué la
passion ou l’efficacité du don de soi au prochain, mais bien au
contraire. » (Pape François) (par. 100-109)
Frustrent aussi l’Évangile de son mordant et de son
dynamisme de vie « ceux qui vivent en suspectant l’engagement social des
autres, le considérant comme quelque chose de superficiel, de mondain, de
laïcisant, d’immanentiste, de communiste, de populiste. »
Nous ne devons pas relativiser les paroles divines en y
faisant un choix selon nos intérêts seulement, ignorant certaines exigences
éthiques fondamentales comme la défense de la vie de l’innocent qui n’est
pas encore né. Mais est également sacrée « la vie des pauvres qui sont
déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère, l’abandon, le mépris, la
traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées
privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage, et dans tout genre
de marginalisation. Nous ne pouvons pas envisager un idéal de sainteté qui
ignore l’injustice de ce monde où certains festoient, dépensent allègrement et
réduisent leur vie aux nouveautés de la consommation, alors que, dans le même
temps, d’autres regardent seulement du dehors, pendant que leur vie s’écoule et
finit misérablement. »
Le pape donne un autre exemple : notre attitude face à
la situation des migrants. Certains catholiques y voient un sujet secondaire.
Pourtant un chrétien qui vit selon sa foi ne peut que « se mettre à
la place de ce frère qui risque sa vie pour donner un avenir à ses enfants. »
Et le pape réfute vigoureusement certaines attitudes méprisantes : « Il
ne s’agit pas d’une invention d’un Pape ou d’un délire passager. » C’est
une exigence pour qui prétend suivre Jésus.
Et notons que la prière ne suffit pas pour nous sanctifier!
La meilleure façon de discerner si notre prière est authentique « sera de
regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la
lumière de la miséricorde. » Car la miséricorde est le critère pour
comprendre qui sont les véritables enfants de Dieu. La miséricorde « est
la clef du ciel ».
Évêque émérite de Gatineau
(30e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
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