lundi 3 juin 2019

J’avais faim : m’as-tu donné à manger?

Comme nous l’enseigne le pape François (par. 98-99), tout disciple de Jésus doit prendre très au sérieux les paroles par lesquelles Jésus nous donne les critères dont il se servira lors du jugement : m’as-tu donné à manger? À boire?... (Matthieu 25, 31-36)
 
Ces paroles doivent devenir le critère fondamental pour évaluer, discerner, mon cheminement vers la sainteté. Les paroles du pape sont tellement fortes qu’elles ne demandent aucun commentaire. Il faut surtout prier l’Esprit de les incruster en nous pour qu’elles deviennent des énergies d’action quotidienne!
 
« Quand je rencontre une personne dormant exposée aux intempéries, dans une nuit froide, je peux considérer que ce fagot est un imprévu qui m’arrête, un délinquant désœuvré, un obstacle sur mon chemin, un aiguillon gênant pour ma conscience, un problème que doivent résoudre les hommes politiques, et peut-être même un déchet qui pollue l’espace public. Ou bien je peux réagir à partir de la foi et de la charité, et reconnaître en elle un être humain doté de la même dignité que moi, une créature infiniment aimée par le Père, une image de Dieu, un frère racheté par Jésus-Christ. C’est cela être chrétien! Ou bien peut-on comprendre la sainteté en dehors de cette reconnaissance vivante de la dignité de tout être humain? »
 
Ces paroles ne doivent jamais nous laisser bien tranquilles et avec une bonne conscience! Mais il faut aller encore plus loin. Les bonnes œuvres individuelles ne suffisent pas. Il faut œuvrer, avec d’autres, à un changement au niveau des structures de notre vie en société sous ses divers aspects. « Pour que les générations futures soient également libérées, il est clair que l’objectif doit être la restauration de systèmes sociaux et économiques justes de manière que, désormais, il ne puisse plus y avoir d’exclusion. » (CECC, commission des affaires sociales, par 9) C’est l’enseignement de l’Ancien Testament (Lévitique 25, 39-41). Et Jésus (Luc 4, 18-18) fréquentait les plus marginalisés et appauvris pour les réintroduire dans la communauté. Puis, par son Esprit, il a inspiré les premiers disciples à vivre en communauté, en partageant de sorte qu’il n’y ait pas de pauvre parmi eux (Actes des Apôtres 4, 34-35).
 
C’est le même Esprit de Jésus ressuscité qui doit nous guider aujourd’hui! Le chemin de la sainteté personnelle passe par le souci des autres, surtout les plus marginalisés, et par des actes pour changer la situation, en l’orientant vers le bien commun, la solidarité et la fraternité.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(29e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

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