Après avoir médité les béatitudes une à une (par. 63-94), le pape François
revient longuement sur la parole de Jésus : « Heureux les
miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Matthieu 5, 7) Pour approfondir cette béatitude et en bien
percevoir la lumière, l’énergie et la nécessité pour notre sanctification, le
pape cite la parole par laquelle Jésus nous indique sur quoi il nous jugement à
la fin de notre vie.
« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu
soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez
accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et
vous êtes venus me voir » (Matthieu 25,35-36)
Le pape Jean-Paul II (par. 49) donnait cette orientation
fondamentale à l’Église de notre millénaire en écrivant que, selon les
paroles non équivoques de l'Évangile, « dans la personne des pauvres il y
a une présence spéciale du Fils de Dieu qui impose à l'Église une option
préférentielle pour eux. Par une telle option, on témoigne du style de l'amour
de Dieu, de sa providence, de sa miséricorde, et d'une certaine manière on sème
encore dans l'histoire les semences du Règne de Dieu que Jésus lui-même y a
déposées au cours de sa vie terrestre en allant à la rencontre de ceux qui
recouraient à lui pour tous leurs besoins spirituels et matériels. »
Et le pape François ajoute avec insistance et
pertinence : « Dans cet appel à le reconnaître dans les pauvres et
les souffrants, se révèle le cœur même du Christ, ses sentiments et ses choix
les plus profonds, auxquels tout saint essaie de se conformer. »
Jésus s’adresse encore aujourd’hui à chacun de ceux et
celles qui prétendent marcher vers la sainteté évangélique : « J’ai
eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à
boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu,
malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir »
Il ne faut pas noyer cette injonction de Jésus par toutes
sortes de commentaires et élucubrations ou excuses qui lui enlèvent son énergie
divine. Impossible de comprendre et de vivre ma vie chrétienne et de marcher
sur un chemin de sanctification sans la prendre au sérieux. La miséricorde
c’est le cœur même du Père battant dans le cœur de Jésus quand il marche sur
nos routes, quand il laisse son cœur s’ouvrir sur la croix pour nous. Devenir
un saint, une sainte, c’est devenir miséricordieux comme le Père. « Comme
le Père aime (par. 9), ainsi aiment les enfants. Comme il est miséricordieux, ainsi
sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres. »
C’est aussi devenir comme le Fils incarné dans notre chair pour que nous
touchions ses plaies dans toute personne dans la souffrance, la détresse,
l’abandon.
Évêque émérite de Gatineau
(28e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire