dimanche 16 juin 2019

Un exemple de sainteté : Marie Guyart de l’Incarnation

Cette femme a profondément marqué le début de la présence française et ecclésiale au Canada. Dès 1639, elle est arrivée à Québec avec deux compagnes ursulines pour éduquer et instruire les jeunes filles autochtones et françaises. Sa présence avec les colons, les gouvernants, les missionnaires, les familles fut d’un très grand apport pour implanter sur les bords du St-Laurent une société chrétienne saine et ouverte à la diversité culturelle.
 
Qui veut lire un bon aperçu de sa vie peut consulter un texte fourni par les Ursulines de Québec.
 
Nous sommes d’abord étonnés du fait que, si jeune, Marie Guyart vit de grandes expériences mystiques. Et elle en vivra durant toute sa vie. L’Esprit divin la conduira par des voies souvent douloureuses vers une identification à Jésus crucifié, son « divin Époux ». Ce sont les voies de l’amour jusqu’à l’extrême. Et elle suit son Seigneur et Époux-Roi dans les services les plus humiliants. Très jeune, elle ne peut pas résister à l’appel du pauvre et elle donne un peu de pain à qui lui tend la main. Jusqu’à ses derniers jours, l’Esprit Saint « l’agira » à la fois et inséparablement dans les chemins de l’union intime avec Dieu et ceux de la miséricorde sans borne avec les plus petits.
 
Marie expérimente par trois fois la présence active des trois personnes de la Sainte Trinité dans son âme. Elle se sait et s’expérimente être le temple de Dieu. Mais à travers toutes ces expériences si extraordinaires et souvent étranges pour nous, Marie a toujours recours à un directeur spirituel pour y discerner la volonté de Dieu sur elle, sur son fils, sur ses engagements.
 
Car elle sait que Satan existe et elle s’en méfie!
 
Dieu le Père est son « centre », sa vie, son tout.
 
Le suradorable Verbe Incarné est son « Bien-Aimé » à qui elle est unie dans un intense renouvellement de l’alliance nuptiale dans l’amour. Il la comble d’une lumineuse connaissance et d’un grand amour de « ses divines maximes ». Et dans son cœur, même avec sa bouche quand elle le peut, Marie chante des épithalames enflammés à son Divin Époux.
 
L’Esprit est son maître intérieur et son guide. Il la conduit sans cesse, tout au long de sa vie. Il la purifie, la rend pauvre de cœur, l’entraine à vivre toutes les béatitudes. Il est une lampe qui scrute sans cesse ses entrailles pour y enlever ce qui ferait obstacle à sa marche vers la sanctification, donner à son cœur une grande pureté spirituelle, une grande pauvreté d’esprit, une disponibilité au total abandon entre les mains de Dieu son Père, sa providence.
 
Elle devient ainsi une femme qui témoigne humblement de la miséricorde du Cœur de Jésus (auquel elle se sent unie par un lien infrangible) au cœur de ce petit peuple de Québec. Mais elle est aussi régulièrement en contact avec les missionnaires qui donneront leur vie pour l’Évangile. Comme elle ne peut pas les suivre leurs courses apostoliques, l’Esprit fait sans cesse jaillir de son cœur une intense prière apostolique. Et elle fait ce qui lui possible dans son cloitre : apprendre le Montagnais, l’Algonquin, le Huron et un peu l’Iroquois. Rédiger des dictionnaires de ces langues. Se faire accueillante à toutes et tous, grands ou petits, qui viennent à la grille du monastère pour consultation ou prière, etc…
 
Impossible de résumer en quelques lignes une telle vie. Mais il faut retenir le lien inséparable entre l’union à Jésus et l’engagement apostolique qui ont marqué en profondeur la sainteté de cette femme surnommée : « La Thérèse du Nouveau Monde ».
 
Marie de l’Incarnation n’est pas une sainte qu’on peut rencontrer tous les jours! Mais par tant de dimensions de sa vie, elle est toujours capable de nous conduire à Jésus le Suradorable Verbe Incarne et par lui au Père et à l’accueil de l’Esprit. Elle sait nous apprendre l’abandon confiant entre les mains de la bonne providence du Père qui nous a créé et qui nous aime.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(31e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

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