mercredi 22 juin 2016

Les réfugiés et la famille

Le pape François a récemment affirmé que les migrations représentent un « signe des temps, qu’il faut affronter et comprendre, avec tout leur poids de conséquences sur la vie familiale ». Le synode sur la famille a accordé une grande importance à cette problématique, en soulignant que « cela touche, avec des modalités différentes, des populations entières dans diverses parties du monde. » Ca nous touche aussi, nous qui devons les accueillir.
 
Il faut savoir reconnaître les dimensions positives de ce phénomène mondial, qui n’est pas nouveau, mais qui marque profondément notre temps. « La mobilité humaine, qui correspond au mouvement naturel historique des peuples, peut se révéler être une richesse authentique, tant pour la famille qui émigre que pour le pays qui l’accueille. »
 
Mais beaucoup des circonstances actuelles qui causent ces mouvements migratoires sont dramatiques, tant par leurs causes que par leurs effets. Pensons aux migrations forcées des familles qui « résulte de situations de guerre, de persécution, de pauvreté, d’injustice, marquée par les aléas d’un voyage qui met souvent en danger la vie, traumatise les personnes et déstabilise les familles. »
 
Plusieurs groupes ou paroisses ont saisi ce drame et ont recueilli des fonds financiers et des biens pour recevoir des réfugiés, surtout avec des enfants, et qui œuvrent à réunir les familles. L’accompagnement des migrants exige une pastorale spécifique pour ces familles en migration, souvent réfugiés forcés. « Cela doit se faire dans le respect de leurs cultures, de la formation religieuse et humaine d’où ils proviennent, de la richesse spirituelle de leurs rites et de leurs traditions. »
 
Nous entendons souvent parler des « passeurs » qui font fortune en lançant sur la mer des réfugiés dans des navires délabrés. De telles migrations sont particulièrement dramatiques et dévastatrices pour les familles et pour les individus quand elles ont lieu « en dehors de la légalité et qu’elles sont soutenues par des circuits internationaux de traite des êtres humains. On peut en dire autant en ce qui concerne les femmes ou les enfants non accompagnés, contraints à des séjours prolongés dans des lieux de passage, dans des camps de réfugiés, où il est impossible d’entreprendre un parcours d’intégration. La pauvreté extrême, et d’autres situations de désagrégation, conduisent même parfois les familles à vendre leurs propres enfants à des réseaux de prostitution ou de trafic d’organes ».
 
Il ne s’agit pas seulement de recevoir des réfugiés, de les initier à notre société de consommation, même à notre culture du déchet! Il faut recevoir d’eux leur sens de la famille, de la nature, de la solidarité. Et il importe de chercher à développer des liens humains valorisants pour eux et pour nous.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau