Le
pape François a récemment affirmé que les migrations représentent un « signe des temps, qu’il faut affronter et comprendre, avec tout leur poids de conséquences
sur la vie familiale ». Le synode sur la famille a accordé une grande
importance à cette problématique, en soulignant que « cela touche, avec
des modalités différentes, des populations entières dans diverses parties du
monde. » Ca nous touche aussi, nous qui devons les accueillir.
Il
faut savoir reconnaître les dimensions positives de ce phénomène mondial, qui
n’est pas nouveau, mais qui marque profondément notre temps. « La mobilité
humaine, qui correspond au mouvement naturel historique des peuples, peut se
révéler être une richesse authentique, tant pour la famille qui émigre que pour
le pays qui l’accueille. »
Mais
beaucoup des circonstances actuelles qui causent ces mouvements migratoires
sont dramatiques, tant par leurs causes que par leurs effets. Pensons aux migrations forcées des familles qui « résulte de situations de guerre, de
persécution, de pauvreté, d’injustice, marquée par les aléas d’un voyage qui
met souvent en danger la vie, traumatise les personnes et déstabilise les familles. »
Plusieurs
groupes ou paroisses ont saisi ce drame et ont recueilli des fonds financiers
et des biens pour recevoir des réfugiés, surtout avec des enfants, et qui œuvrent
à réunir les familles. L’accompagnement des migrants exige une pastorale spécifique
pour ces familles en migration, souvent réfugiés forcés. « Cela doit se
faire dans le respect de leurs cultures, de la formation religieuse et humaine
d’où ils proviennent, de la richesse spirituelle de leurs rites et de leurs
traditions. »
Nous
entendons souvent parler des « passeurs » qui font fortune en lançant
sur la mer des réfugiés dans des navires délabrés. De telles migrations sont particulièrement
dramatiques et dévastatrices pour les familles et pour les individus quand
elles ont lieu « en dehors de la légalité et qu’elles sont soutenues par
des circuits internationaux de traite des êtres humains. On peut en dire
autant en ce qui concerne les femmes ou les enfants non accompagnés, contraints
à des séjours prolongés dans des lieux de passage, dans des camps de réfugiés,
où il est impossible d’entreprendre un parcours d’intégration. La pauvreté
extrême, et d’autres situations de désagrégation, conduisent même parfois les
familles à vendre leurs propres enfants à des réseaux de prostitution ou de
trafic d’organes ».
Il
ne s’agit pas seulement de recevoir des réfugiés, de les initier à notre
société de consommation, même à notre culture du déchet! Il faut recevoir d’eux
leur sens de la famille, de la nature, de la solidarité. Et il importe de
chercher à développer des liens humains valorisants pour eux et pour nous.
Évêque émérite de Gatineau